Contrairement à l’Arctique, l’Antarctique enregistre une banquise proche de la normale en septembre

Crédits : Climate Reanalyzer.

Si l’extension de la banquise boréale reste bloquée à des valeurs historiquement basses, la situation est sensiblement différente dans l’hémisphère sud. En effet, la superficie couverte par la glace de mer antarctique en septembre (fin de l’hiver austral) se situait légèrement au-dessus de la moyenne trentenaire.

La banquise arctique atteint sa superficie annuelle la plus basse au cours du mois de septembre, en sortie d’été. Au pôle sud, c’est au contraire l’hiver qui touche à sa fin et la glace de mer connaît sa superficie annuelle la plus haute. Aussi, il faut bien garder à l’esprit cette saisonnalité inversée entre le nord et le sud pour un mois donné de l’année.

Du contraste entre banquise boréale et australe

Cette année, les conditions météorologiques ont été très défavorables aux hautes latitudes de l’hémisphère nord. De fait, l’extension et l’épaisseur de la glace arctique ont atteint des valeurs proches des records bas en septembre. Vous pouvez consulter notre article dédié pour plus de précision à ce sujet. Au passage, notons que le rythme de l’embâcle en ce début d’automne est particulièrement lent, conséquence notamment d’un important stockage de chaleur dans l’océan polaire au cours des derniers mois. Les chiffres restent donc historiquement bas pour la période de l’année.

Dans l’hémisphère sud, la situation est très différente. En effet, l’extension maximale de glace de mer a atteint près de 19 millions de km² le 28 septembre. Il s’agit d’une valeur sensiblement supérieure à la moyenne 1981-2010 chiffrée à environ 18,5 millions de km². Toutefois, il faut souligner l’importance du revirement apparu au cours de la seconde décade d’août où l’extension est rapidement passée d’un déficit à un excédent. Une bascule météo que l’on a également identifiée dans notre article discutant des températures mesurées en péninsule Antarctique.

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Extension de banquise antarctique (blanc) en septembre et moyenne 1981-2010 en ligne rose. Crédits : NSIDC.

Finalement, la moyenne sur le mois de septembre termine légèrement au-dessus de la normale. « Cela fait suite à une transition remarquable d’une étendue généralement inférieure à la moyenne depuis août 2016 à une étendue bien supérieure à la moyenne au cours des sept semaines précédant le 1er octobre 2020 », note le National Snow and Ice Data Center (NSIDC) dans son dernier bulletin. Comme le montre la figure ci-dessus, un des rares secteurs significativement sous la norme 1981-2010 est situé du côté de l’océan Indien.

Arctique et Antarctique : deux régions très différenciées

Cela étant, il faut reconnaître que le pôle nord et le pôle sud sont des mondes très différents. L’un forme un bassin océanique entouré de continents tandis que l’autre constitue un continent uniformément entouré par l’océan. En somme, les comparer sans autre forme de procès n’est pas forcément pertinent. Par exemple, dans le contexte du réchauffement climatique, on s’attend à un recul de la banquise beaucoup plus limité en Antarctique. Notez que l’on parle bien ici de la banquise – une eau de mer gelée faisant quelques mètres d’épaisseur ou moins – et non des calottes posées sur le continent, faites d’eau douce et hautes de plusieurs kilomètres. Ces dernières étant au centre des préoccupations dans le cadre du changement climatique !

Tendances d’extension en septembre pour l’Arctique (en haut) et l’Antarctique (en bas) entre 1979 et 2020. Notez l’absence de tendance sur la seconde figure. Crédits : NSIDC.

Comme esquissé précédemment, un des éléments majeurs responsables de cette asymétrie est la présence du gigantesque océan qui encercle le continent austral. En plus de jouer un rôle tampon en absorbant la chaleur, l’arrivée d’eau de fonte depuis le continent va modifier sa stratification et favoriser la croissance de glace de mer. En effet, l’eau issue des glaces posées sur le socle terrestre est très peu salée et tend à rester en surface et à refroidir la couche superficielle de l’océan où se développe la banquise. Bien sûr, il ne s’agit là que de quelques éléments de réflexion, le sujet pouvant faire l’objet d’un article entier.