Les chats errants ne font l’objet d’aucune identification, d’aucune vaccination, ni d’aucun suivi vétérinaire. Leur reproduction incontrôlée engendre alors une surpopulation ainsi qu’une propagation de maladies et constitue de facto un risque sanitaire pour les autres animaux domestiques. Il est donc impératif de limiter leur prolifération par stérilisation, mais la procédure prend beaucoup de temps et implique généralement beaucoup de main-d’œuvre. Cependant, des chercheurs ont peut-être développé une autre solution prometteuse. Les détails de leurs travaux sont publiés dans la revue Nature.
Le problème des chats errants
On estime qu’il y a 480 millions de chats errants dans le monde. Sur cet échantillon, environ 80 % sont en réalité des chats domestiques qui se déplacent sans supervision dans la nature. Ces félins se reproduisent alors avec d’autres spécimens errants, contribuant ainsi à la surpopulation.
Au bout du compte, de nombreux chats vivent dans des conditions souvent insalubres. Ils se retrouvent également à la merci de maladies et des dangers de la route. Nous savons que les chats ont aussi des effets très pervers sur la biodiversité. Un rapport récent du Invasive Species Council a notamment révélé que la population australienne avait entraîné l’extinction de 27 espèces animales. Il est donc important de contrôler leur nombre. Ces populations sont alors soit ciblées pour l’euthanasie, soit pour des programmes de capture-stérilisation-retour (c’est-à-dire la stérilisation chirurgicale). Cependant, ces approches ont une efficacité limitée et ne suffisent plus.
Cela nous ramène à ces travaux. David Pepin et son équipe de la Harvard Medical School ont en effet développé une méthode alternative et non invasive (ou presque) susceptible de répondre aux importantes préoccupations éthiques, économiques et environnementales associées aux chats en liberté dans la nature.

Une hormone pour empêcher l’ovulation
Pour ces travaux, les chercheurs ont utilisé un vecteur de thérapie génique virale (virus adénoassocié ou vecteur AAV) pour délivrer une hormone ovarienne naturelle appelée hormone anti-müllerienne (ou AMH) dans les muscles des félins. Cette hormone régule la croissance et la maturation des follicules nécessaires à l’ovulation dans les ovaires. De cette manière, les chattes ne peuvent pas être gestantes.
Pour tester leur approche, les chercheurs ont injecté le vecteur chez neuf chattes adultes. Six ont reçu cette thérapie génique, tandis que les trois autres ont servi de témoins. Elles ont ensuite été observées pendant deux ans après leur traitement. Résultat : le traitement à dose unique aurait empêché avec succès la grossesse chez les six femelles. De plus, aucun des chats n’a ressenti d’effets secondaires d’après l’étude.
Si ces travaux ont démontré une efficacité pendant deux ans, rien ne dit cependant pour le moment que le contraceptif pourrait durer à vie, ce qui est l’objectif avec ce traitement. Des études en cours examinent aussi l’innocuité et l’efficacité de cette approche chez les chatons femelles. Pour l’heure, les résultats paraissent toutefois également positifs. Les chercheurs sont également en pourparlers avec la FDA pour poursuivre les essais sur de plus grands échantillons. Il faudra donc probablement attendre plusieurs années avant que ce traitement ne soit disponible dans les cliniques vétérinaires.
