« Tendre la main aux extraterrestres est une idée terrible », selon Michio Kaku

Michio Kaku extraterrestre
Crédits : Magnus Sjöström

Sommes-nous seuls dans la galaxie ? Au cours de ces dernières décennies, certains ont tenté de répondre à cette question en signalant notre présence à d’éventuels extraterrestres. Mais tout le monde ne voit pas cette « main tendue » d’un très bon œil. Et si notre recherche de civilisations extraterrestres tournait au vinaigre ?

Michio Kaku est professeur de physique théorique au City College de New York. Grand partisan de la théorie des cordes, il est également connu pour ses talents de vulgarisateur permettant de mieux appréhender le monde parfois très compliqué de la physique. Vous l’avez d’ailleurs probablement déjà vu dans le cadre de documentaires ou peut-être lu quelques-uns de ses livres.

Ce chercheur s’est entretenu avec The Guardian pour évoquer ses travaux. Au cours de cette entrevue, le théoricien s’est également exprimé au sujet d’une éventuelle rencontre avec des extraterrestres.

Michio Kaku estime que nos chances de contacts sont élevées, se référant notamment au lancement très attendu du James Webb Telescope (JWST), toujours prévu pour le 31 octobre, qui permettra de faire des observations d’exoplanètes beaucoup plus détaillées. En revanche, nous devrions peut-être nous abstenir. « Certains de mes collègues pensent que nous devrions les contacter« , note le chercheur. « Personnellement, je pense que c’est une idée terrible« .

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Comment réagiriez-vous à la prise de contact d’une forme de vie extraterrestre ? Crédits : Pixabay

Écouter ou transmettre, deux approches

Notre quête de contacts extraterrestres a débuté dans les années 60 avec l’astronome Frank Drake. À l’époque, le chercheur s’était appuyé sur l’Observatoire national de radioastronomie de Green Bank, en Virginie, pour pointer les antennes vers les étoiles Tau Ceti et Epsilon Eridani, qui semblaient être de bonnes candidates pour accueillir des mondes habitables. Plus de 150 heures d’observations et quatre mois plus tard, sa quête avait échoué.

Malgré tout, c’est bien cette première expérience qui conduisit à la fondation de l’Institut SETI (Search for Extra Terrestrial Intelligence). La méthode SETI est basée sur l’idée que la vie s’est non seulement développée sur une autre planète, mais qu’elle a évolué de la même manière que la vie sur Terre. Andrew Siemion, directeur du Berkeley SETI Research Center et chercheur principal pour le projet Breakthrough Listen, écoute ainsi le cosmos pour détecter les émissions directes d’une éventuelle technologie extraterrestre depuis 2012.

Créé en 2015 à San Francisco (États-Unis) et financé par des fonds privés, l’Institut METI (Messaging Extra Terrestrial Intelligence) propose quant à lui une autre approche. Certains messages ont été envoyés dans l’espace au cours de ces dernières décennies. Citons la Plaque de Pioneer, le Message d’Arecibo ou encore le disque d’or des sondes Voyager. METI se présente ainsi comme la toute première organisation qui se consacre à l’élaboration et à l’envoi de messages vers d’hypothétiques extraterrestres.

Ainsi, alors que le SETI écoute l’Univers pour détecter d’éventuels signaux extraterrestres, METI se concentre sur une approche plus active : émettre des messages dans l’espoir de susciter des réponses. « Imaginez si toutes les civilisations ne faisaient qu’écouter sans transmettre le moindre signalCe serait un univers incroyablement calme« , souligne Douglas Vakoch, le Président de l’institut.

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Le radiotélescope Parkes, en Australie. Crédits : CSIRO / A. Cherney

Contacter les extraterrestres : bonne ou mauvaise idée ?

Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec l’idée de transmettre nos propres signaux dans l’univers.

« Personnellement, je pense que les extraterrestres seraient amicaux, mais nous ne pouvons pas parier dessus« , poursuit ainsi Michio Kaku dans son interview. « Je pense donc que si devions prendre contact, alors nous devrions le faire très soigneusement« . Rappelons qu’avant son décès, l’astrophysicien Stephen Hawking avait également mis en garde l’humanité contre le fait de faire connaître notre présence.

Au sein même du SETI, certains pensent que le METI assume une énorme responsabilité. « Le problème éthique, c’est qu’ils prennent un grand risque au nom de toute l’humanité sans lui demander la moindre permission« , explique ainsi l’astronome John Gertz, ancien président du conseil d’administration de l’Institut, à Inverse.

Andrew Siemion ajoute qu’une autre civilisation avancée sur le plan technologique ne serait pas nécessairement altruiste. « Il y a probablement des civilisations malveillantes ailleurs dans l’univers« , explique le chercheur. « C’est une idée que nous devrions considérer alors que nous continuons à explorer le cosmos« .

Pour Douglas Vakochn, toute civilisation qui a le potentiel de nuire à la Terre sait déjà que nous sommes ici. Aussi, tant qu’à faire, nous devrions aussi bien engager une conversation amicale dans l’espoir de nous mettre de leur côté. « Ce que les gens oublient, c’est qu’il est trop tard pour se cacher« , explique le Président du METI. « S’ils sont en route, il serait donc à notre avantage de leur prouver que nous ferions de meilleurs partenaires de conversation, plutôt qu’un bon déjeuner« .