Constellations de satellites : opérateurs et astronomes vont devoir s’entendre

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Crédits : NSF's National Optical-Infrared Astronomy Research Laboratory / CTIO / AURA / DELVE

Les constellations de satellites actuellement déployées dans le but de fournir un accès Internet à large bande pourraient changer fondamentalement la façon dont les astronomes étudient le ciel nocturne, prévient un rapport. Quelques recommandations ont été listées de manière à minimiser leur impact.

Un ciel rempli de satellites

Pour avoir Internet, nous dépendons de câbles enfouis sous terre (ou sous l’océan) et de tours de téléphonie. Le problème, c’est que tout le monde n’y a pas accès, notamment dans les zones les plus reculées. Pour permettre un meilleur signal, l’idéal serait de placer des milliers de satellites en orbite basse communiquant entre eux en orbite basse.

Plusieurs sociétés sont déjà sur le coup. SpaceX, avec son projet de constellation Starlink, est la plus connue. Plus de 600 de ces satellites ont déjà été lancés sur les 12 000 prévus. Notez que le prochain lancement est prévu ce dimanche (30 août). À cette occasion, 60 nouveaux satellites coiffés au sommet d’une Falcon 9 seront déployés.

Mais SpaceX n’est pas seule. Amazon, par exemple, ambitionne également de lancer environ 3 200 satellites à large bande dans le cadre de son projet Kuiper. OneWeb en a également libéré 74 sur les 650 prévus dans sa flotte. En revanche, on ne sait pas si cette méga-constellation verra finalement le jour. La société vient en effet de faire faillite, mais sera visiblement rachetée par un consortium dirigé par le gouvernement britannique et la société indienne Bharti Global.

Toujours est-il que ça fait beaucoup, beaucoup de satellites. Pour mettre cela en perspective, il y en a actuellement environ 2500 opérationnels autour de la Terre, et l’humanité a lancé moins de 10 000 objets depuis l’aube de l’ère spatiale en 1957. De quoi potentiellement gêner les observations du ciel nocturne.

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Le 19 août dernier, SpaceX a placé 58 nouveaux satellites Starlink en orbite, portant le nombre total de ces instruments en orbite à 653. Crédits : SpaceX

Des craintes justifiées

De nombreux astronomes ont en effet déjà exprimé leur aversion pour ces nouvelles constellations. Et pour cause, la capture de photographies d’objets peu lumineux nécessite généralement plusieurs heures de temps d’exposition. Pointez votre instrument au mauvais endroit et vous pouvez être sûr que ces milliers de satellites viendront vous gâcher le rendu. Ces traînées satellitaires pourraient poser un problème particulier pour les télescopes qui visualisent de larges pans du ciel en lumière visible et infrarouge.

Selon un nouveau rapport de l’American Astronomical Society, la principale organisation d’astronomes professionnels en Amérique du Nord, les satellites les plus embêtant seront ceux évoluant à plus de 1 200 km au-dessus de la Terre. Ces derniers seront «visibles toute la nuit en été et des fractions importantes de la nuit en hiver, en automne et au printemps et auront des impacts négatifs sur presque tous les programmes d’observation», peut-on lire. Les satellites OneWeb sont notamment concernés.

Ceux évoluant plus bas, à environ 600 km au-dessus du sol devraient en revanche poser moins de problèmes. Ceux de SpaceX intègrent cette catégorie.

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Un « train » de satellites Starlink vu depuis l’Observatoire interaméricain du Cerro Tololo (CTIO), au Chili. Crédits : Clarae Martínez-Vázquez sur Twitter / CTIO

Travailler ensemble

Tous ces satellites auront malgré tout un impact sur les observations du ciel, quoi qu’il arrive. Mais il pourrait être possible de le minimiser davantage en suivant quelques règles. Le rapport en a listé quelques-unes :

– Réduire la luminosité des satellites en contrôlant leur orientation et/ou en les assombrissant (SpaceX commence à le faire).
– Soutenir le développement de logiciels de traitement d’images qui minimisent l’impact des traînées satellites.
– Rendre les informations orbitales des satellites disponibles afin de permettre aux astronomes de ne pas pointer leurs télescopes dessus.

Enfin, le rapport recommande également de lancer moins de satellites, voire pas du tout. C’est la seule option, peut-on lire, qui permettrait d’avoir un «impact nul» sur les observations astronomiques. Néanmoins, il semble très « naïf » d’imaginer SpaceX ou Amazon faire marche arrière tant les intérêts économiques sont importants. À l’avenir, opérateurs et astronomes vont ainsi devoir s’entendre et travailler de concert afin que chacun puisse y trouver son compte.