Le cannabis n’est pas seulement nocif pour votre santé, il l’est aussi pour votre mémoire à court terme, de quelques secondes à quelques minutes. Mais ce n’est pas tout : fumer quotidiennement du cannabis favoriserait aussi la création de faux souvenirs.
Une équipe de chercheurs de l’université de Barcelone, dont l’étude a été publiée dans la revue américaine Molecular Psychiatry, a effectué une IRM fonctionnelle chez des consommateurs de cannabis chroniques et chez des non-consommateurs. L’hippocampe, la structure du cerveau liée aux souvenirs et à la mémoire, s’est avéré plus développé chez les non-fumeurs.
Une expérience a ensuite été réalisée sur 16 individus qui fumaient régulièrement du cannabis depuis plus de 2 ans et qui n’avaient pas d’antécédent psychiatrique ou neurologique. En face, 14 personnes n’avaient pratiquement jamais fumé de cannabis de leur vie. Les 30 participants ont écouté un certain nombre de mots. 15 minutes plus tard précisément, une autre suite de mots leur a été présentée : certains mots étaient similaires à ceux de la première liste, mais de nouveaux mots y avaient été intégrés. Beaucoup des consommateurs chroniques étaient convaincus d’avoir déjà vu les derniers mots dans la toute première suite, mais ce n’était pas le cas.
Rien n’est encore scientifiquement prouvé, puisque le nombre de participants est relativement faible : difficile donc de généraliser. Mais les consommateurs de cannabis auraient plus tendance à créer des distorsions de mémoire, qui s’aggraveraient avec l’âge. L’étude a également révélé que, même en ayant arrêté de consommer du cannabis depuis plusieurs semaines, certains participants présentaient tout de même des problèmes de la mémoire.
Un chercheur, dirigeant une autre étude, du Massachusetts Institute of Technology, a démontré que la mémoire est dynamique : les souvenirs n’y sont pas gravés comme nous pourrions le penser, ils sont modifiés au cours du temps, renforcés, dissipés ou même remplacés. C’est ce que le cerveau des consommateurs de cannabis de l’étude de l’université de Barcelone a subi : un souvenir a été modifié ou remplacé, rendant réel un événement non vécu. Le mécanisme cérébral lié à la distinction du vrai et du faux serait donc endommagé par la consommation de cannabis.
Sources : Sciences et Avenir, Santé log, Morandini Santé.
– Crédits photo : TheChristOff