Depuis sa découverte en 1930, Pluton a captivé les esprits grâce à sa place unique dans le système solaire. Cet astre glacé, qui a oscillé entre le statut de planète et de planète naine, intrigue autant par sa distance gigantesque que par son orbite exceptionnelle. Ce qui est peut-être le plus étonnant, c’est qu’en près d’un siècle, Pluton n’a toujours pas complété une seule révolution autour du Soleil. Si les humains attendent patiemment cet événement astronomique, prévu pour 2178, le chemin parcouru par Pluton est riche en découvertes et en controverses.
Une découverte qui a marqué l’histoire de l’astronomie
L’histoire de Pluton commence au 19e siècle, lorsqu’une anomalie est détectée dans l’orbite d’Uranus. Les astronomes, en observant cette planète, remarquent que son mouvement ne correspond pas exactement aux prédictions basées sur la gravité newtonienne. En 1846, ce constat conduit à la découverte de Neptune. Pourtant, même après cette avancée, des irrégularités subsistent.
Au début du 20e siècle, Percival Lowell, un astronome américain, suggère qu’une autre planète inconnue influence les orbites d’Uranus et Neptune. À partir de 1905, il lance une série d’observations depuis son observatoire à Flagstaff, en Arizona, pour trouver ce mystérieux objet qu’il appelle « Planète X ». Bien que Lowell ne réussisse pas à localiser cette planète de son vivant, ses travaux ouvrent la voie à une découverte majeure.
C’est finalement Clyde Tombaugh, en 1930, qui identifie un nouvel objet céleste en utilisant un comparateur de clignotements, un appareil permettant de repérer les mouvements subtils dans le ciel. Ce nouvel astre est nommé Pluton, sur la suggestion de Venetia Burney, une écolière britannique âgée de onze ans. À l’époque, Pluton est considérée comme la neuvième planète du système solaire.
Un destin bousculé par la science moderne
Pendant 76 ans, Pluton figure dans les manuels scolaires et sur les cartes du système solaire comme la dernière planète. Pourtant, au début des années 2000, des découvertes dans les confins du système solaire remettent finalement son statut en question. La ceinture de Kuiper, une région peuplée d’objets glacés au-delà de Neptune, révèle l’existence d’autres corps comparables, comme Éris, Makémaké et Hauméa.
En 2006, l’Union astronomique internationale (UAI) redéfinit alors ce qu’est une planète. Pour en être une, un corps céleste doit répondre à trois critères : orbiter autour du Soleil, avoir une masse suffisante pour être presque sphérique et dominer gravitationnellement son orbite. Pluton, partageant sa trajectoire avec d’autres objets de la ceinture de Kuiper, ne remplit pas cette dernière condition. Elle est donc reclassée comme planète naine, provoquant un débat mondial sur la pertinence de cette décision.
Une orbite exceptionnelle et fascinante
Pluton se distingue par son orbite longue, elliptique et inclinée. Il lui faut environ 248 années terrestres pour faire un tour complet autour du Soleil. Cela signifie qu’elle n’a pas encore terminé une seule révolution depuis sa découverte. Ce premier « anniversaire orbital » aura lieu le 23 mars 2178. Les humains vivant aujourd’hui ne pourront donc pas célébrer cet événement astronomique, mais il rappelle la vaste échelle de temps à laquelle évoluent les planètes lointaines.
Notez que contrairement aux planètes traditionnelles, l’orbite de Pluton l’emmène parfois plus près du Soleil que Neptune, comme ce fut le cas entre 1979 et 1999. Ce phénomène est dû à sa trajectoire excentrique, qui la rapproche jusqu’à 4,4 milliards de kilomètres du Soleil au périhélie, tout en s’éloignant jusqu’à 7,4 milliards de kilomètres à l’aphélie.