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C’est confirmé : les ptérosaures avaient vraiment des plumes

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Crédits : Bob Nicholls 2022

La découverte d’un fossile confirme l’idée qu’au moins certains ptérosaures arboraient des plumes similaires à celles des oiseaux modernes. Si l’on ignore de quelles couleurs étaient ces différentes structures, les chercheurs suggèrent qu’elles auraient pu favoriser la communication entre individus.

On a longtemps pensé que les dinosaures étaient couverts d’écailles. Au fil du temps, au gré des découvertes, les paléontologues ont compris que certaines espèces arboraient également des plumes, comme les oiseaux. Mais qu’en était-il des ptérosaures, ces reptiles volants parfois énormes qui régnaient dans le ciel au temps des dinosaures ? Cette question n’avait jamais été réglée. C’est désormais chose faite.

De véritables plumes

Jusqu’à présent, les chercheurs s’accordaient plus ou moins à dire que les ptérosaures étaient recouverts d’une couche externe de structures ressemblant à des filaments appelés pycnofibres qui pouvaient ressembler à un duvet plumeux. La découverte d’un nouveau fossile de l’espèce Tupandactylus imperator, préservé sur une dalle de calcaire au nord-est du Brésil, confirme l’existence de vraies plumes chez cet animal il y a environ 113 millions d’années.

« Nous ne nous attendions pas du tout à voir cela« , explique la paléontologue Aude Cincotta de l’University College Cork en Irlande. « Pendant des décennies, les paléontologues se sont disputés pour savoir si les ptérosaures avaient des plumes. Celles de notre spécimen clôturent définitivement ce débat, car elles sont très clairement ramifiées sur toute leur longueur, tout comme les oiseaux aujourd’hui ».

Plus précisément, les paléontologues auraient décelé la présence de structures ramifiées distinctement en forme de plumes s’étendant d’un puits central. « Ce mode de ramification est directement comparable à celui des plumes de stade IIIA des oiseaux existants, c’est-à-dire avec des barbes se ramifiant à partir d’un rachis central« , écrivent les chercheurs dans Nature.

Les paléontologues auraient également isolé la présence de filaments monocaténaires ressemblant à des moustaches jaillissant de la crête crânienne de l’animal. Toujours d’après les auteurs, ces plumes pourraient avoir été héritées d’un ancêtre commun aux dinosaures et aux ptérosaures du Trias précoce. Il est également possible que ces caractéristiques aient évolué indépendamment dans différents groupes ou espèces d’animaux.

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Illustration des types de plumes distincts. Crédits : Bob Nicholls, 2022
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Illustration d’artiste de Tupandactylus imperator. Crédits : Bob Nicholls, 2022

De quelles couleurs étaient ces plumes ?

En examinant les restes fossiles au microscope électronique à haute résolution, les paléontologues ont découvert l’existence d’abondants micro-corps mesurant environ 0,5 à 1 μm de longueur dans les tissus mous de l’animal. D’après l’équipe, il s’agirait de mélanosomes, des organites contenant des pigments de mélanine responsables de la coloration des téguments dans le règne animal.

Les mélanosomes avaient différents types de formes (entre les monofilaments, les plumes ramifiées et d’autres tissus crâniens), suggérant que ce ptérosaure aurait pu afficher une gamme de plusieurs couleurs.

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Les mélanosomes vus dans les images de micrographie électronique. Crédits : Cincotta et coll., Nature, 2022

Bien qu’il soit impossible de savoir avec certitude quelles couleurs affichait T. imperator à son époque, les chercheurs suggèrent que celles développées sur la crête crânienne proéminente de l’animal pourraient avoir contribué aux processus de signalisation entre différents individus. Peut-être étaient-ils également utilisés dans les rituels de préaccouplement, tout comme certains oiseaux utilisent plusieurs types d’éventails colorés aujourd’hui pour attirer leurs partenaires.

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.