Compteurs intelligents : déploiement réussi pour le cousin québécois de Linky

La province canadienne du Québec a lancé depuis 2012 l’installation de compteurs électriques intelligents. Un déploiement opéré avec trois ans d’avance sur la France et ses compteurs Linky. Comme dans l’Hexagone, les débats ont d’abord été vifs au Québec. Avant de s’estomper.

« Ce n’est plus un sujet qui fait couler autant d’encre qu’il y a quatre ans », s’amuse Clémence Lamarche, responsable des tests pour le magazine local de défense des consommateurs « Protégez-vous ! ». Car à l’image de la France, l’installation de compteurs intelligents a provoqué débats et polémiques au Québec.

En cause, un questionnement sur d’éventuels effets nocifs de ces appareils de nouvelle génération, notamment liés à l’émission de radiofréquences. Pour répondre à ces inquiétudes, « Protégez-vous ! » a mené ses propres tests, indépendamment des autorités sanitaires.

« Nous avons décidé d’aller prendre des mesures sur le terrain, dans différentes conditions, pour savoir à quelles sortes d’exposition aux radiofréquences nous étions confrontés. Les mesures ont toutes été nettement en-deçà des normes canadiennes », assure Clémence Lamarche.

« Dans ce genre de débat, il est important d’appuyer ses opinions sur des faits, sur des données probantes. Il faut faire attention de ne pas tomber dans une espèce de paranoïa », conclut-elle

Les radiofréquences liées au mode de communication des compteurs intelligents québécois ne sont pas émises par les modèles français, comme l’explique Jérôme Poulin, un physicien canadien spécialisé en métrologie (la science qui étudie les fréquences et les ondes).

« La technologie du compteur intelligent canadien utilise le WiFi, alors que le compteur Linky utilise le courant porteur en ligne (ou CPL) », indique-t-il. Une différence de taille. Si le compteur canadien émet des radiofréquences (approximativement dans les mêmes proportions qu’un Smartphone), le modèle français n’en émet aucune.

Armé de ses sondes, Jérôme Poulin passe à la démonstration pratique. Linky n’émet pas de radiofréquences, mais un champ électromagnétique. « Les niveaux, les pics qu’on observe, ce sont bien ceux émis par l’appareil. Ces niveaux correspondent approximativement à dix fois le champ magnétique de la Terre, ce qui est extrêmement faible. Tout appareil électrique va avoir ce genre de champ électromagnétique », conclut-il.

Aujourd’hui, plus de 97% des foyers québécois sont équipés de compteurs intelligents. La polémique et les débats des premiers temps se sont progressivement estompés. Une évolution qu’explique le docteur en physique Danny Plouffe pour qui, « depuis un an ou deux, le mouvement (anti compteur intelligent) s’est essoufflé ».

« Il y a eu de la désinformation sur les compteurs intelligents. Souvent, les gens sont très honnêtes dans leurs intentions et croient fermement qu’il y a un effet négatif. Mais ce ne sont pas nécessairement des scientifiques. Ce ne sont pas nécessairement des experts sur le sujet. Ils sélectionnent parfois arbitrairement les données. Ils n’ont pas une vision globale », regrette-t-il.

Pour Danny Plouffe, « ce qui est clair c’est qu’on n’a pas confirmé l’existence d’un effet négatif au cours des quatre dernières années ». Avant de préciser que, pourtant, « le compteur intelligent au Québec fonctionne avec les radiofréquences », tandis que le modèle français n’émet pas de telles fréquences.

La communication de Linky passe « par les fils électriques. C’est la même chose que ce qui passe par exemple dans une ampoule électrique. Ce n’est pas comme les radiofréquences dans lesquelles les fréquences sont beaucoup plus élevées », assure-t-il, dubitatif quant au débat français.

Et le scientifique de conclure : « C’est naturel que les gens aient peur […] Mais, s’il n’y a pas d’émissions de radiofréquence, cela devient un non-sens ».

Malgré des rapports de diverses autorités sanitaires françaises (Ademe, Anses, Anfr) garantissant l’absence de risques pour la santé, le débat reste pour l’instant animé dans l’Hexagone.