La composition de l’air d’une salle de cinéma révèle les émotions vécues par les spectateurs

Crédits : PublicDomainPictures / Pixabay

Il est possible de savoir si un film est ennuyeux, effrayant ou drôle rien qu’en utilisant la chimie. En effet, une nouvelle étude suggère que la composition chimique de l’air expulsé par les spectateurs dans une salle de cinéma correspond aux émotions provoquées chez ces derniers par certaines scènes.

La composition chimique de l’air expulsé par les spectateurs dans une salle de cinéma correspond aux émotions provoquées chez ces derniers par certaines scènes. C’est en cas ce qui ressort d’une étude menée par des chercheurs de l’Institut Max-Planck pour la chimie dans les coulisses d’un cinéma de la ville de Mayence, en Allemagne. Ainsi la tension ou l’humour d’un film peut se lire dans la signature chimique laissée par les spectateurs dans l’air ambiant d’une salle de cinéma.

Tous les organismes vivants émettent des substances chimiques dans leur environnement local. C’est donc le cas pour tous les êtres humains, qui exhalent ces composés chimiques par le souffle, ou par la peau. Mais ces émissions varient-elles en réponse à des stimuli audiovisuels ? C’est la question que s’est notamment posée Jonathan Williams, qui a dirigé l’étude. Plus précisément : Est-il possible de différencier chimiquement des scènes qui induisent des émotions différentes ?

Pour réaliser cette étude, Jonathan Williams et son équipe ont inséré dans le système d’aération de la salle l’embout de leur spectromètre de masse afin d’enregistrer les taux de dioxyde de carbone et de plus d’une centaine d’autres composants chimiques exhalés par le public. Des relevés à intervalles de 30 secondes ont ensuite été réalisés afin d’identifier des molécules par mesure de leur masse et caractérisation de leur structure chimique. Et selon les relevés, ce sont donc les moments de forte tension qui sont les plus lisibles chimiquement.

De nombreux relevés ont pu être effectués lors de plusieurs séances sur divers films, notamment sur le thriller de science-fiction Hunger Games, entre autres. Selon les relevés, il en ressort que ce sont les moments de forte tension qui sont les plus lisibles chimiquement. « La signature chimique de Hunger Games était très claire. Même après avoir répété les mesures avec des publics différents« , explique Jonathan Williams. « Les taux de dioxyde de carbone et d’isoprène dans l’air augmentaient toujours de façon significative lorsque l’héroïne commence à se battre pour sa vie« .

Relevés de CO2, d'acétone et d'isoprène réalisés lors de 4 projections différentes du deuxième volet de Hunger Games
Relevés de CO2, d’acétone et d’isoprène réalisés lors de 4 projections différentes du deuxième volet de Hunger Games

L’une des explications envisagées par les chercheurs pour expliquer ce phénomène est que les amateurs de cinéma se crispent, s’agitent, et respirent plus vite lorsqu’ils font face à des scènes de suspense. En attendant d’affiner leur méthode statistique, les chercheurs poursuivent leurs expériences, notamment sur le dernier volet de la saga Star Wars.

Source : S&A / Nature