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« Complètement inexpliqué » : James Webb repère quelque chose de très étrange sur Saturne

Le télescope spatial James Webb vient de révéler des phénomènes atmosphériques totalement inédits dans les hauteurs de Saturne. Ces structures mystérieuses, que les astronomes peinent à expliquer, défient notre compréhension des atmosphères planétaires. La découverte, publiée dans Geophysical Research Letters, ouvre de nouvelles questions sur les mécanismes cachés qui régissent la géante gazeuse la plus emblématique de notre système solaire.

Une observation qui bouleverse les attentes

L’équipe dirigée par Tom Stallard de l’université de Northumbria avait des attentes précises en pointant le spectrographe NIRSpec vers les couches atmosphériques supérieures de Saturne. Les modèles théoriques prédisaient des émissions classiques réparties sur de larges bandes du spectre infrarouge, particulièrement au-dessus de la célèbre tempête hexagonale qui couronne le pôle nord de la planète.

La réalité observée a totalement contredit ces prévisions. Au lieu des signaux attendus, James Webb a dévoilé des structures énigmatiques qui ne ressemblent à rien de connu dans notre catalogue des phénomènes atmosphériques planétaires.

Des « perles sombres » flottent dans l’espace

À 1 100 kilomètres au-dessus de la surface nominale de Saturne, dans cette région appelée ionosphère où les particules chargées dansent dans des champs magnétiques complexes, le télescope a identifié des formations particulièrement troublantes.

Ces « perles sombres », comme les ont baptisées les chercheurs, apparaissent comme des zones d’absorption distinctes qui absorbent la lumière infrarouge de manière inhabituelle. Séparées par des distances considérables mais potentiellement reliées par des mécanismes invisibles, elles dérivent lentement dans le plasma ionisé qui baigne cette région de l’atmosphère saturnienne.

Leur comportement défie les modèles actuels. Contrairement aux structures atmosphériques classiques qui suivent généralement des patterns prévisibles liés à la rotation planétaire ou aux vents dominants, ces formations semblent obéir à des règles différentes.

Une étoile asymétrique dans les profondeurs

Parallèlement à cette découverte, James Webb a révélé une seconde anomalie dans la stratosphère, située 500 kilomètres plus bas. Une structure en forme d’étoile asymétrique s’étend dans cette couche atmosphérique, créant un pattern géométrique que les scientifiques n’avaient jamais observé auparavant.

Cette formation stellaire pourrait entretenir des relations complexes avec les perles sombres situées au-dessus. Les astronomes ont notamment remarqué que les zones les plus sombres de l’ionosphère semblent s’aligner avec les « bras » les plus intenses de cette étoile stratosphérique.

Cette coïncidence géographique interroge : s’agit-il d’un lien de cause à effet entre ces phénomènes séparés par des centaines de kilomètres d’altitude, ou d’une simple coincidence spatiale ?

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L’étoile asymétrique dans la stratosphère (à gauche) et les perles sombres dans l’ionosphère (à droite). Crédit image : NASA/ESA/CSA/Stallard et al 2025

L’hexagone de Saturne, clé du mystère ?

Ces découvertes prennent une dimension particulière quand on les replace dans le contexte du célèbre hexagone polaire de Saturne. Cette tempête géométriquement parfaite, haute de 29 000 kilomètres et tournant sur elle-même en dix heures, fascine les planétologues depuis sa découverte par Voyager en 1980.

Les mécanismes qui maintiennent cette structure hexagonale restent partiellement mystérieux, malgré les observations détaillées de la sonde Cassini entre 2004 et 2017. Les nouvelles observations de James Webb suggèrent que les interactions entre cette tempête et les couches atmosphériques supérieures pourraient être bien plus complexes qu’imaginé.

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L’Hexagone de Saturne photographié par la sonde Cassini. Crédit image : NASA/JPL-Caltech/SSI/Hampton

Des hypothèses en quête de preuves

Pour expliquer ces phénomènes inédits, les chercheurs explorent plusieurs pistes. Les perles sombres pourraient résulter d’interactions sophistiquées entre la magnétosphère de Saturne – cette bulle magnétique qui entoure la planète – et les gaz en rotation de son atmosphère.

Ces interactions pourraient également alimenter les spectaculaires aurores boréales de Saturne, créant des échanges d’énergie encore mal compris entre les différentes couches atmosphériques. La structure stellaire, quant à elle, pourrait représenter une signature atmosphérique directement liée aux propriétés uniques de l’hexagone polaire.

Une fenêtre d’observation exceptionnelle

L’équipe de recherche bénéficie actuellement de conditions d’observation optimales. Saturne traverse son équinoxe, une période où l’éclairage solaire change radicalement et pourrait révéler de nouveaux aspects de ces mystérieuses structures.

Le 21 septembre marquera également l’opposition de Saturne, moment où la planète se trouve au plus près de la Terre. Cette configuration astronomique offrira aux astronomes leurs meilleures chances d’approfondir ces observations et peut-être de percer les secrets de ces formations atmosphériques énigmatiques.

Ces découvertes rappellent que même dans notre système solaire familier, d’immenses mystères attendent encore d’être élucidés par nos instruments les plus perfectionnés.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.