Les personnes affirmant n’avoir aucun sens de l’orientation ne sont pas rares. Si les individus qui prennent à la légère ce genre de déclaration sont aussi nombreux, il s’agit pourtant d’une affection bien réelle.
Incapable de s’orienter correctement
Le sens de l’orientation incarne l’aptitude à trouver son chemin. Autrement dit, il s’agit de se rendre d’un point A à un point B sans encombre. Le cheminement commence par la détermination de la position initiale grâce à des points de repère dans l’environnement. Il s’agit en fait de choisir un itinéraire et de le suivre. Il est également question de vérifier que ce même itinéraire soit le bon, via la représentation mentale de l’espace ou à l’aide d’outils tels que des cartes. Enfin, la capacité à identifier le point d’arrivée est évidemment très important.
Dans une étude publiée en 2009, l’expert en neurosciences cognitives Giuseppe Iaria, de l’Université de Calgary (Canada), évoquait l’orientation topographique – nom scientifique du sens de l’orientation. Les personnes dépourvues de ce sens ont une affection particulière : la désorientation topographique développementale (DTD). Dans son étude, le chercheur a détaillé pour la première fois le cas d’une femme n’ayant jamais pu s’orienter correctement dans son environnement.

Naviguer sans aucun plan mental de la destination
Selon l’expert, l’orientation topographique nécessite de larges réseaux neuronaux dans le cadre de son bon fonctionnement. Or, le fait est qu’une majorité d’individus sont incapables de faire figurer une carte dans leur tête au cours de leurs déplacements. Dans son ouvrage Mind in Motion (2019), la professeure émérite de psychologie à l’Université de Stanford (États-Unis) Barbara Tversky explique comment la plupart des gens s’y prennent.
L’intéressée évoque une combinaison de méthodes. Il s’agit d’un mélange de directions virage par virage, de vues à vol d’oiseau et d’informations générales sous forme de cartes. Or, il faut savoir que la plupart des directions de navigation de complexité moyenne dépendent en partie de la capacité des personnes à comprendre la perspective d’une carte. Autrement dit, les personnes atteintes de désorientation topographique développementale suivent un itinéraire par morceaux. Ainsi, ces dernières n’ont aucune compréhension spatiale élargie et apprennent à naviguer dans leur environnement sans aucun plan mental de leur destination.
Une solution existe pourtant, à savoir guider la personne grâce à des enchaînements d’itinéraires courts. Toutefois, il incombe de ne pas franchir le cap de structuration des repères sous la forme d’une carte. Le cas échéant, l’individu retombera inévitablement dans ses travers.