La récente chute non contrôlée de la fusée chinoise Longue Marche 5B laisse planer le doute sur de futures catastrophes d’envergure. Bien que cela soit peu probable, de plus gros débris pourraient en effet retomber sur des zones très peuplées. Un projet au sein de l’Agence spatiale européenne (ESA) tente donc de minimiser davantage les risques.
Des scientifiques travaillent sur la question
Début novembre 2022, des débris d’une fusée chinoise Longue Marche 5B sont retombés au milieu de l’océan Pacifique, après un épisode similaire fin juillet. Bien que ces entrées atmosphériques n’ont pas engendré de dégâts humains ni même matériels, l’inquiétude grandit progressivement sur le sujet. Certains pays comme la France et l’Espagne avaient même choisi de fermer en partie leur espace aérien afin de prévenir le risque de chute. Il s’avère que les lancements chinois finissent assez souvent de manière incontrôlée. Et si un jour, un débris de taille conséquente se dirigeait vers une zone très peuplée ? Le risque est minime, mais certains scientifiques étudient la possibilité de le réduire encore davantage.
Effectivement, l’ESA a dédié un programme à cette question : MidGard, pour MultI-Disciplinary modellinG of the Aerothemodynamically-induced fragmentation of Re-entering boDies. Son objectif est de modéliser de manière précise les événements qui se produisent lors d’une entrée atmosphérique afin d’évaluer la manière, le moment et le lieu où va se détruire l’objet concerné. Les frottements de l’air lors de la chute d’un objet (de type fusée ou satellite) dans l’atmosphère représentent le meilleur moyen de le détruire. Ainsi, la plupart du temps, il ne reste de lui que de la poussière. Les risques sont alors nuls.
Mieux prévoir les entrées atmosphériques
En réalité, cette question est étudiée depuis les débuts de l’ère spatiale. Les experts effectuent des simulations informatiques afin de prévoir une désintégration totale de l’objet ou encore (lorsqu’il s’agit d’un vaisseau) de ramener le matériel et les humains sur Terre sans encombre.
Toutefois, même si les simulations permettent de comprendre comment les changements de vitesse ou de trajectoire peuvent influer sur la capacité d’un engin à se détruire ou non et donc de réduire encore les risques, il existe encore quelques incertitudes. Rappelons en effet que la composition de l’atmosphère ainsi que sa température sont variables. Par ailleurs, la dislocation de certains composants peut faire en sorte que les résidus soient plus ou moins aérodynamiques.
Le risque zéro n’existe pas
Dans la plupart des cas, l’objet se détruit complètement lors de son entrée atmosphérique. Parfois, un ou plusieurs résidus survivent et atteignent des zones inhabitées, ces dernières étant largement majoritaires sur Terre. Ainsi, les accidents sont extrêmement rares. Alors, pourquoi tenter de minimiser encore davantage les risques ? Pour l’ESA, il est impossible de se contenter de l’à-peu-près. Malgré les faibles risques, les débris de la fusée chinoise fin juillet ont atteint des zones potentiellement peuplées, comme Kalimantan (Indonésie) et Sarawak (Malaisie). La catastrophe a donc été évitée de justesse.
Selon l’ESA, la multiplication des objets placés en orbite est synonyme d’augmentation de ce type de risque dans le futur. Citons aussi les projets de sociétés privées ou d’autres agences spatiales gouvernementales qui n’ont pas les moyens et l’expérience nécessaires pour faire en sorte que tout se déroule de la meilleure des façons. Les lancements chinois, caractérisés par une absence de contrôle, incarnent justement ce problème.