Comment se forme la grĂȘle ?

Crédits : Georgex25 / Pixabay.

On en entend souvent parler en Ă©tĂ© lors des dĂ©gradations orageuses. ParticuliĂšrement redoutĂ©e en raison de ses effets destructeurs sur les cultures, la vĂ©gĂ©tation ou mĂȘme les habitations et les transports, la grĂȘle est une prĂ©cipitation caractĂ©ristique des nuages instables Ă  forte extension verticale. Mais comment se forme-t-elle ? 

La grĂȘle est un hydromĂ©tĂ©ore qui prend naissance dans les nuages instables de grande extension verticale, comme peuvent l’ĂȘtre le cumulonimbus ou parfois certains gros cumulus. Selon la dĂ©finition de l’Organisation mĂ©tĂ©orologique mondiale (OMM), on parle de grĂȘle lorsque la bille de glace a un diamĂštre de 5 millimĂštres ou plus. Si la dimension est infĂ©rieure Ă  cette valeur, on parle de grĂ©sil. De petites particules de glace transparente peuvent occasionnellement tomber de nuages dits stables (type stratus) – on parle de granules de glace – mais celles-ci ont un mode de formation bien diffĂ©rent du grĂ©sil et de la grĂȘle. Nous n’en parlerons donc pas ici.

Le point de dĂ©part de la formation d’un grĂȘlon est la prĂ©sence d’un fort courant ascendant qui va donner naissance Ă  un cumulonimbus. Dans l’ascendance de ce dernier, on retrouve gĂ©nĂ©ralement beaucoup d’eau surfondue c’est-Ă -dire de l’eau qui reste liquide en dessous du 0 °C, parfois jusqu’à des tempĂ©ratures de l’ordre de -40 °C. Bien que la majoritĂ© des particules y soient surfondues, il existe tout de mĂȘme une certaine proportion d’eau sous forme glacĂ©e. Ce sont notamment des cristaux trĂšs fins qui grossissent par condensation solide : la vapeur d’eau prĂ©sente dans l’air se condense directement en glace Ă  leur surface. Ces cristaux serviront d’embryons pour la grĂȘle. En effet, Ă  mesure qu’ils grossissent, ils acquiĂšrent un mouvement descendant par rapport aux gouttelettes surfondues. Ces derniĂšres vont alors entrer en collision avec eux et geler Ă  leur contact. Ce processus de captation augmente leur poids et donc leur vitesse de chute relative. Ce mouvement s’accĂ©lĂšre et se poursuit jusqu’à ce qu’une couche de glace de quelques millimĂštres englobe entiĂšrement le cristal initial. Des particules de grĂ©sil sont nĂ©es.

Le cumulonimbus est le nuage gĂ©nĂ©rateur de grĂȘle par excellence. CrĂ©dits : Pxhere.

Si elles n’étaient pas maintenues en l’air par de vigoureux mouvements ascendants, elles tomberaient rapidement au sol sous forme de grosses gouttes de pluie – ou d’une averse de grĂ©sil suivant l’importance de la fonte. Cela se produit la plupart du temps et explique que la grĂȘle ne soit pas une prĂ©cipitation trĂšs frĂ©quente. Elle nĂ©cessite des courants ascendants puissants et suffisamment durables pour que le processus puisse se poursuivre. Lorsque c’est le cas, les gouttes et gouttelettes continuent de s’agglutiner sur le grĂ©sil en augmentant toujours plus l’épaisseur de glace. Éventuellement, celle-ci atteint plusieurs dizaines de millimĂštres. Le nuage contient dĂ©sormais des grĂȘlons qui s’échapperont par sa base dĂšs que leur poids sera trop Ă©levĂ© pour l’ascendance. En tombant vers le sol, ils rencontreront des tempĂ©ratures bien supĂ©rieures Ă  0 °C ainsi que des conditions sous-saturĂ©es : fonte et Ă©vaporation rĂ©duiront donc la taille de l’hydromĂ©tĂ©ore durant son trajet vers la surface. Ainsi, le diamĂštre d’un grĂȘlon en surface est toujours plus faible que celui que l’on pourrait mesurer Ă  la sortie du nuage.

Les conditions idĂ©ales pour la croissance des grĂȘlons se rencontrent lorsque la vitesse de chute des particules de grĂȘle ou de grĂ©sil est Ă  peu prĂšs Ă©gale Ă  la vitesse du courant ascendant, et lorsque le contenu en eau surfondue est trĂšs Ă©levĂ©. Dans ce scĂ©nario, elles peuvent rester suspendues dans une rĂ©gion de croissance rapide pendant un long moment.

Les grands traits esquissĂ©s prĂ©cĂ©demment sont loin d’ĂȘtre exhaustifs. La formation de la grĂȘle est un processus trĂšs complexe faisant intervenir des interactions subtiles entre les mouvements d’air dans les nuages et la microphysique de ceux-ci. Par exemple, si l’ascendance est trop forte par rapport Ă  la vitesse de chute des particules de glace, elles peuvent ĂȘtre Ă©jectĂ©es dans l’enclume du cumulonimbus et donc sortir de la zone de croissance. MĂȘme une fois que de gros grĂȘlons sont formĂ©s dans le nuage, suivant que leur chute se produit au travers de l’ascendance ou du courant descendant, leur taille au sol pourra ĂȘtre trĂšs diffĂ©rente
 Des recherches sont toujours en cours dans ce domaine, car la grĂȘle n’a pas encore rĂ©vĂ©lĂ© tous ses secrets !

Source : Mesoscale meteorology in midlatitudes, Paul Markowski & Yvette Richardson, 2010.