Notre planète abrite près de 120 millions de lacs, dont une large moitié se pare d’une couche de glace durant l’hiver. Or, une étude publiée dans la revue Nature Communications ce 2 septembre montre que la durée d’englacement des lacs a grandement diminué dans l’hémisphère nord depuis la fin des années 1970.
Pour arriver à ces résultats, les chercheurs des Université de Bangor (Royaume-Uni) et de Pékin (Chine) ont analysé un ensemble de données satellitaires et de simulations numériques à l’échelle hémisphérique. Ce faisant, ils ont mis en évidence une amplification du réchauffement lacustre pendant la saison froide, un fait qu’ils attribuent au raccourcissement de la période de gel et en particulier à une débâcle qui survient en moyenne huit jours plus tôt qu’il y a quarante ans.
« L’augmentation de la température de surface des lacs due à la diminution de la période de gel peut avoir un impact sur les processus internes aux lacs, entraînant des effets tels qu’une augmentation des efflorescences algales, des cyanobactéries et de la stratification thermique des différentes couches d’eau », souligne R. Iestyn Woolway, coauteur de l’étude. « Cette stratification peut entraîner une désoxygénation des lacs en profondeur et une perte d’habitat pour les poissons sensibles à la teneur en oxygène dissous ».
Un mécanisme d’amplification du réchauffement des lacs
Le réchauffement des eaux durant la saison froide est près de 1,5 fois plus élevé que le reste de l’année où domine un régime d’eaux libres de glaces. Jusqu’à présent, la façon dont la température des lacs était influencée par les changements dans la couverture de glace était mal quantifiée. Par conséquent, les données obtenues apportent un éclairage précieux, en particulier dans le cadre d’un réchauffement global amené à se poursuivre au cours des prochaines décennies.
« Il est important de prévoir le réchauffement futur des lacs dû aux changements dans la couverture de glace pour comprendre comment ces changements pourraient affecter les processus écologiques dans les lacs et comment cela affectera la façon dont nous, comme d’autres animaux et plantes, utiliserons les lacs à l’avenir », relate le chercheur. Selon l’étude, la débâcle pourrait survenir jusqu’à deux mois plus tôt avant la fin du siècle, réduisant la période d’englacement à peau de chagrin pour de nombreux lacs tempérés et subpolaires.