Comment les sciences psychologiques pourraient offrir des solutions pour limiter le changement climatique

terre réchauffement climatique
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Si le changement climatique est désormais bien établi, les actions menées pour limiter son ampleur sont très lentes à se mettre en place d’un point de vue global. Et pour cause, cette problématique prend l’allure d’un vrai dilemme social, selon une nouvelle étude parue le 12 juillet dernier. Celle-ci aborde l’aspect socio-psychologique du problème « climat », et s’intéresse aux solutions que pourraient apporter les sciences psychologiques afin de motiver et stimuler la réaction de notre société contemporaine.

Il existe depuis plusieurs décennies un consensus dans la communauté scientifique pour dire que le changement climatique est réel, et qu’il est causé par les rejets anthropiques de gaz à effet de serre. Les conséquences actuelles – mais surtout futures – de cette perturbation du climat sont immenses et le réchauffement global est désormais considéré comme étant l’un des plus grands défis auxquels devra faire face la société contemporaine. Cette dernière est constamment rattrapée par l’actualité climatique, à tel point que le problème « climat » s’est profondément ancré dans les esprits ou les comportements. Cet aspect pose la question de savoir si les sciences psychologiques peuvent offrir des solutions ou des idées nouvelles qui permettraient de favoriser des actions favorables à une limitation du changement climatique.

Une étude publiée ce 12 juillet par un groupe interdisciplinaire de chercheurs s’est intéressée à cette question. Ils y définissent le changement climatique comme un dilemme social résultant d’un conflit généralisé entre l’intérêt personnel immédiat et l’intérêt collectif à plus long terme. Le problème climat, qui s’apprécie sur des échelles de temps longues et globales, pose ainsi un défi majeur à l’esprit humain qui a plutôt tendance à privilégier les intérêts personnels de court terme. De plus, l’aspect abstrait ou intellectuel du changement climatique – la signification d’une température moyenne globale par exemple – tend à décourager les actions qui pourraient être entreprises pour limiter son ampleur. Et ceci malgré le fait que la société puisse montrer une forte préoccupation au sujet des questions environnementales.

« Pour limiter efficacement l’ampleur du changement climatique, il est essentiel de promouvoir une perspective à plus long terme et une perspective sociale élargie, en plus de renforcer la conviction que le changement climatique est réel » souligne le professeur Paul van Lange, auteur principal de l’étude. Les citoyens et élus locaux se sentiront plus concernés par la réalité et l’urgence de réagir face au réchauffement global si les discours sont adaptés et reliés d’une manière concrète aux vulnérabilités locales. « Les inondations ou les submersions sont des exemples clés qui pourraient être très concrets pour les personnes vivant dans des zones à basse altitude, tandis que la chaleur pourrait être plus convaincante pour les personnes vivant dans des climats déjà chauds », note Jeff Joireman, co-auteur de l’étude.

En ce qui concerne le fait de promouvoir une perspective de long terme, une solution serait d’insister sur le fait que, si nous ne faisons rien, ce sont nos propres enfants et petits-enfants qui subiront injustement ce futur dont nous-mêmes ne voulons pas. « Une recommandation est d’inclure les enfants dans les campagnes d’éducation publique afin de sensibiliser sur ce que le changement climatique signifie pour l’avenir. Les enfants incarnent en quelque sorte la vulnérabilité et déclenchent le besoin de soins et de protection », précise Manfred Milinski qui a également participé à ces travaux.

Enfin, les représentants tels que les chefs d’État ont naturellement tendance à se méfier et à se concurrencer les uns les autres. Ceux qui sont compétitifs face aux autres chefs de gouvernement sont souvent soutenus par leurs électeurs. Ces comportements de rivalité expliquent en partie pourquoi les accords sur le climat sont souvent assez décevants. Une solution potentielle serait d’utiliser cet état d’esprit compétitif dans le cadre d’une réputation d’échelle mondiale représentée par des prix associés à des « villes durables », par exemple. Même s’il reste beaucoup de travail, on voit que les sciences psychologiques sont en mesure d’apporter des idées ou des conseils sur la façon dont les scientifiques ou les décideurs politiques pourraient communiquer ou réfléchir sur le changement climatique. Ces résultats indiquent également le besoin d’une forte pluridisciplinarité scientifique sur les questions environnementales et d’une meilleure communication avec la sphère politique et le grand public afin de répondre au mieux aux défis qui s’annoncent.

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