Comment les bactéries forment des communautés sur notre langue

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Crédits : 1045373/pixabay

En utilisant une technique d’imagerie fluorescente, des chercheurs américains ont pu dresser une carte à haute résolution des communautés microbiennes présentes sur la langue humaine.

Les bactéries sont partout : sur les poignées des portes, les claviers des ordinateurs, les terminaux de paiement, votre téléphone… Mais n’oubliez pas non plus les milliards de micro-organismes confortablement installés dans votre corps. Si l’on met de côté les bactéries qui peuplent notre peau, notez que la plupart logent principalement dans notre système digestif : dans l’oesophage, l’estomac, le côlon, mais aussi dans notre bouche. C’est ce dernier petit cocon, chaud et humide, qui nous intéresse aujourd’hui.

Un écosystème complexe

Nous savions que plusieurs espèces bactériennes sont habituées à fréquenter notre bouche, mais leur organisation spatiale était encore très mystérieuse. Du moins jusqu’à présent. Grâce à une technique d’imagerie fluorescente innovante récemment développée par la Harvard School of Dental Medicine, des chercheurs ont en effet été capables d’isoler les différentes communautés microbiennes sur la langue de 21 sujets humains.

Les chercheurs ont au total identifié 17 genres bactériens présents chez plus de 80% des individus. Et comme nous pouvons le constater, chaque bactérie prend bien soin de rester avec les autres membres de son espèce.

L’image ci-dessous nous présente trois de ces groupes (les plus abondants). Les bactéries Actinomyces par exemple (en rouge), sont celles qui se développent près du tissu épithélial de la langue (en gris). Les bactéries Rothia, visualisées en bleu ciel, forment quant à elles de grosses grappes entre les autres communautés, quand les streptocoques, en vert, préfèrent se rassembler sur les bords de la langue.

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Crédits : Steven Wilbert

Une influence plus grande qu’il n’y paraît

En étudiant ces cartes (il y en a plusieurs), les chercheurs pourront ainsi analyser la manière dont ces colonies s’établissent et se développent au fil du temps. De quoi mieux appréhender le rôle de ces organismes dans la santé bucco-dentaire, mais pas que.

Car s’il est aujourd’hui convenu que le microbiome intestinal peut influencer l’humeur ou divers problèmes de santé mentale, il semblerait que la perturbation du microbiome oral puisse en effet elle aussi jouer un rôle dans plusieurs autres conditions non liées à notre environnement buccal propre.

Une étude publiée en juin 2019 dans Science Advances, par exemple, nous avait révélé que des souris infectées par P. gingivalis, une bactérie qui cause la maladie des gencives, pouvaient développer dans leur cerveau des protéines liées à la maladie d’Alzheimer.

Une autre étude, publiée un peu plus tôt, avait de son côté suggéré que l’abondance de certaines bactéries dans le microbiome de la langue pouvait être associée à certaines conditions, telles que le cancer du pancréas. Les auteurs avaient alors conclu que le suivi du changement du microbiote oral pourrait potentiellement conduire à des diagnostics plus précoces.

De manière générale, ce qui se passe dans notre bouche pourrait donc être plus important qu’il n’y paraît en premier lieu. D’où l’importance de cette nouvelle étude.

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