Comment les antivaccins réagissent au Covid-19

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Crédits : Ri_Ya/Pixabay

En réponse à la crise du Covid-19, les antivaccins usent de voies familières. Mais cette crise sanitaire, qui touche aujourd’hui l’ensemble de la planète, pourrait tout changer.

La vaccination est un sujet controversé. Tout est parti du théoricien du complot Andrew Wakefield qui, il y a une vingtaine d’années, a publié un document de recherche établissant un lien entre le vaccin ROR (rougeole, oreillons et rubéole) et l’autisme. Si ces recherches ont depuis été discréditées, une méfiance à l’égard des vaccins s’est malgré tout installée dans l’esprit de millions de personnes. Ce mouvement « antivax » perdure encore aujourd’hui, galvanisé par la circulation des informations permises grâce aux réseaux sociaux.

Compte tenu de la violence de la pandémie de COVID-19 (plus de 2 100 000 cas et plus de 145 000 morts à ce jour), et de sa possible propension à devenir saisonnier, les principaux responsables de la santé publique conviennent que le développement d’un vaccin est aujourd’hui le seul moyen d’autoriser le monde à reprendre ses activités normales. Une solution qui va bien évidemment à l’encontre des « antivax », qui usent de tactiques familières pour faire valoir leurs opinions.

Minimiser les risques

Dorit Reiss, professeur de droit à l’Université de Californie à Hastings (États-Unis), étudie le mouvement depuis plusieurs années. Selon lui, l’une des tactiques les plus couramment utilisées est de nier les véritables conséquences de la crise sanitaire. Dans ce cas précis, les antivax vont minimiser les risques de mortalité, arguant que seules les personnes plus âgées succombent à la maladie.

Or, nous savons depuis le début de l’épidémie que ce constat est faux. Si effectivement les plus jeunes semblent plus résistants, beaucoup sont malheureusement décédés, quand d’autres se battent, sous respirateurs, coincés en soins intensifs. En outre, ces affirmations ne prennent pas en considération les travailleurs de santé qui, en première ligne et par manque de moyens, se tuent à la tâche pour maintenir en vie tous les patients.

Prêter de mauvaises intentions à de faux coupables

Toujours selon Dorit Reiss, pour être antivaccin dans le monde d’aujourd’hui, vous devez également souscrire à certaines théories du complot.

Certains partisans de ce mouvement dénoncent notamment la course au vaccin actuellement observée dans plusieurs institutions uniquement motivées par le profit, alors que nous pourrions nous concentrer sur des remèdes plus naturels visant à booster notre système immunitaire.

Larry Cook, un influenceur antivaccin qui dirige la populaire page Facebook « Stop Mandatory Vaccination », a de son côté récemment affirmé sur sa page personnelle que les mesures de confinement déployées partout dans le monde sont un moyen de faciliter la traque du peuple par les gouvernements, pour ensuite exiger d’eux qu’ils soient testés pour le virus. De cette façon, a-t-il expliqué, les autorités rendraient la vaccination obligatoire pour tout le monde.

Quand certains dénoncent le développement d’un virus malencontreusement échappé d’un laboratoire pour contaminer la planète, d’autres pointent également du doigt les dernières technologies. Par exemple, Keri Hilson, une chanteuse américaine avec 4,2 millions d’abonnés sur Twitter, a récemment publié des tweets maintenant supprimés qui tentaient de lier la crise du coronavirus aux réseaux mobiles 5G.

« Les gens essaient de nous mettre en garde contre la 5G depuis des ANNÉES », avait-elle écrit, ajoutant que la 5G a été lancée en Chine en novembre 2019, soit juste avant que l’épidémie ne se déclare. Ces idées ont été prises très au sérieux. Au point qu’au Royaume-Uni, des militants ont détérioré des équipements 5G à Liverpool, Birmingham ou encore Belfast, et menacé du personnel travaillant pour les opérateurs.

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Un mouvement qui s’effrite ?

Pour certains chercheurs, ce mouvement de protestation mondiale contre la vaccination pourrait néanmoins s’évaporer face au nouveau coronavirus.

Aux États-Unis, une mère de trois enfants, membre de longue date des groupes « antivax » en ligne, a par exemple récemment admis que le Covid-19 était en train de modifier son point de vue. Interrogée par Reuters, celle qui se fait appeler Stéphanie, par crainte des représailles des plus engagés, estime aujourd’hui à 50/50 ses chances de se faire immuniser si un vaccin venait à être développé.

« J’y ai définitivement pensé », a-t-elle déclaré, exprimant également sa frustration face à la minimisation de la gravité de la pandémie par la communauté antivax. « Nous sommes tous touchés par ce virus, et pourtant, ils disent toujours que c’est un canular ».

Mais c’est l’opinion publique qui, de manière plus générale, est en train d’évoluer sur le sujet. En France, par exemple, si un tiers des personnes interrogées en 2018 ont déclaré qu’elles pensaient que les vaccins n’étaient pas sûrs, une nouvelle enquête, menée le mois dernier, a révélé que seulement 18% des interrogés refuseraient un vaccin contre le COVID-19.

Selon Catherine Flores Martin, directrice exécutive de la California Immunization Coalition, il y a également fort à parier que les gens pardonneront beaucoup moins aux croyances anti-vaccination suite à cet épisode sanitaire. « Il y aura toujours des croyants, dit-elle, mais je pense que d’autres personnes seront beaucoup moins tolérantes sur le sujet après avoir vu comment la maladie peut affecter leur vie ».

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