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Comment le cerveau adulte réagit-il à l’apprentissage d’une nouvelle langue ?

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Crédits : Max Pixel

Des chercheurs espagnols ont récemment mis en évidence la spécialisation différentielle des aires du cerveau lors de l’apprentissage d’une nouvelle langue à l’âge adulte. Ces recherches montrent ainsi la plasticité des systèmes cérébraux du langage.

Une contribution différente des deux hémisphères

Le langage humain est une capacité unique. Or, celui-ci nécessite un certain équilibre entre plasticité cérébrale et spécialisation neuronale. Il s’agit là de deux principes à la base de l’organisation du cerveau. En étudiant l’apprentissage du langage, les experts peuvent donc en apprendre davantage sur ces principes dans le cerveau humain. Dans une étude parue dans le Journal of Neuroscience le 9 novembre 2020, des chercheurs du Basque Center on Cognition, Brain and Language (BCBL) se sont intéressés à l’apprentissage d’une nouvelle langue à l’âge adulte. Selon ces recherches, les deux hémisphères du cerveau ne contribuent pas de la même manière que lorsqu’un individu apprend une langue dès la naissance.

D’une manière générale, le langage active le réseau fronto-temporo-pariétal du cerveau. Néanmoins, les fonctions cognitives ne font pas l’objet d’une répartition équivalente dans les deux hémisphères. En ce qui concerne le langage, les zones du cerveau entrant en compte se situent du coté gauche pour 95% de la population. Quant à l’hémisphère droit, celui-ci fait davantage office de soutien, puisque capable de prendre le relais en cas de détérioration de l’hémisphère gauche.

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Crédits : Pexels / rawpixel

Toutefois, les meneurs de l’étude ont montré que l’hémisphère droit est capable d’entrer en jeu lors de l’apprentissage d’un nouveau langage chez les adultes. En pratiquant des imageries par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), les chercheurs ont pu observer l’activité dans les deux hémisphères chez des adultes apprenant une nouvelle langue. Les sujets lisaient et parlaient dans leur langue maternelle ainsi que dans la langue à apprendre. Selon les résultats, les deux langages se manifestent dans un premier temps de manière assez similaire dans le cerveau. Ensuite, ces mêmes langues se distinguent de plus en plus.

Une compréhension « plus souple »

L’hémisphère gauche se mobilise lorsque l’on parle, et ce peu importe s’il s’agit de la langue maternelle ou de la langue en cours d’apprentissage. En revanche, il existe une différence en ce qui concerne la compréhension du langage (écoute, lecture). En effet, la compréhension de la langue maternelle se fait dans l’hémisphère gauche tandis que celle de la langue en cours d’apprentissage, dans l’hémisphère droit.

Les résultats de l’étude suggèrent donc que la production du langage est ancrée dans l’hémisphère gauche. Néanmoins, sa compréhension est plus souple. Ainsi, l’étude apporte des précisions supplémentaires permettant d’expliquer pourquoi il est plus difficile d’apprendre à parler une langue alors que sa compréhension pose moins de problèmes. De plus, ces recherches permettent plus généralement d’alimenter – avec de nouveaux principes – le débat sur l’organisation cérébrale du langage.

Yohan Demeure, expert géographe

Rédigé par Yohan Demeure, expert géographe

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.