Comment la vie a rebondi sur la « Terre boule de neige »

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Vue d'artiste de la "Terre boule de neige" il y a 720 millions d'années. Crédits : CNRS

Il y a environ 700 millions d’années, la Terre tout entière était recouverte de glace. Un événement majeur dans l’histoire qui aurait permis la « montée des algues » sur notre planète, sans laquelle nous ne serions pas là.

Terre « boule de neige »

Il y a 800 millions d’années, le supercontinent Rodinia, en place depuis 500 millions d’années, a commencé à se disloquer. Ces mouvements tectoniques se sont accompagnés de gigantesques éruptions volcaniques qui ont recouvert d’immenses régions de basaltes. En s’écartant, les continents ont ouvert des voies pour les océans et des bras de mer. L’humidité s’est alors fait ressentir à proximité des continents, et les nombreuses précipitations qui s’en suivirent on entraîné un accroissement de l’érosion des roches continentales.

Les roches basaltiques s’altérant très facilement, une grande partie du CO2 atmosphérique s’est retrouvée absorbée par ces nouveaux puits de carbone. Conséquence : il y a 750 millions d’années, la concentration atmosphérique de CO2 a baissé au point que la Terre a perdu environ 50 °C de sa température moyenne. Les calottes polaires ont alors commencé à gagner du terrain pour finalement atteindre l’équateur. Il y a 700 millions d’années, notre planète était alors – à l’instar d’Europe et d’Encelade – recouverte d’une coquille glacée. On appelle ça la « Terre boule de neige ».

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Une impression d’artiste d’une « Terre de boule de neige ». Crédits : NASA

Graisse fossile

Suite à cet épisode, comment la vie a-t-elle rebondi ? L’analyse récente de graisses fossiles, détaillée dans la revue Nature Communicationnous donne quelques indices. Une équipe de chercheurs explique en effet avoir analysé des molécules retrouvées dans des roches brésiliennes datant de 635 millions d’années. Ils ont alors décelé à l’intérieur un type de graisse, grossièrement baptisé 25,28-bisnorgammacerane (BNG).

« Toutes les formes de vie animales supérieures, y compris les êtres humains, produisent du cholestérol, explique Lennart van Maldegem, principal auteur de l’étude. Les algues et les bactéries produisent leurs propres molécules de graisse. De telles molécules peuvent survivre dans les roches pendant des millions d’années. En analysant ces restes (chimiques) d’anciens d’organismes, nous pouvons évaluer quel type de vie prospérait à cette époque ».

C’est la prouesse que viennent de réaliser ces chercheurs : identifier quelle forme de vie avait produit ce type de graisse fossilisée. Le responsable : le plancton hétérotrophe, l’un des plus anciens prédateurs de la vie complexe. « Contrairement aux algues vertes qui participent à la photosynthèse et appartiennent donc à des organismes autotrophes, ces micro-organismes hétérotrophes étaient de véritables prédateurs qui tiraient leur énergie en chassant et en dévorant des bactéries », explique le chercheur.

Favoriser la « montée des algues »

Pour les chercheurs, cette preuve de prédation chez le plancton dévoile une étape très importante dans l’évolution de la vie. Ces micro-organismes, par leur voracité, auraient en effet permis de réduire le nombre des bactéries dominantes de l’époque. Et sans ce trop-plein de bactéries, les algues ont finalement pu émerger.

« Parallèlement à l’énigmatique molécule de BNG, nous observons la transition d’un monde dont les océans ne contenaient pratiquement que des bactéries, à un système terrestre plus moderne contenant de nombreuses autres algues, explique M. van Maldegem. Nous pensons que la prédation massive a aidé à “vider” les océans dominés par les bactéries et à créer un espace pour les algues ».

Et ce n’était pas sans conséquence : grâce à ce processus, des formes de vie plus complexes ont alors pu se former par la suite. Si nous sommes là aujourd’hui, c’est donc en partie grâce à ces prédateurs microscopiques, qui ont œuvré il y a environ 650 millions d’années pour créer un espace propice au développement du vivant.

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