Comment la Lune influence les émissions de méthane terrestres

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Par le jeu des marées basses, la Lune décharge un peu de pression sur les fonds marins. Résultat, des poches de méthane contenues dans les sédiments se retrouvent parfois libérées. Des chercheurs ont récemment étudié ce phénomène dans la région du Svalbard, en Norvège.

Le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4) sont deux gaz à effet de serre. Le premier stagne dans l’atmosphère pendant plusieurs décennies, tandis que le second s’estompe en une douzaine d’années. En revanche, le méthane est environ vingt-cinq fois plus puissant que le gaz carbonique en potentiel de réchauffement global. Aussi, dans le cadre des projections climatiques, il est important de prendre ce GES en considération et d’appréhender toutes les fuites potentielles dans l’atmosphère.

Nous savons depuis longtemps que d’énormes réserves de méthane se cachent sous les fonds marins. Or, le réchauffement des océans a pour effet de libérer une partie de ce méthane piégé. Toutefois, ce n’est pas l’unique facteur à prendre en compte.

L’influence des marées

Dans le cadre d’une étude récente, des chercheurs du Centre for Arctic gas hydrate, environment and climate (Cage, Norvège) se sont rendus dans la région ouest-Svalbard de l’Arctique, dont les fonds marins abritent de grandes quantités de méthane. En mesurant la pression et la température à l’intérieur des sédiments qui tapissent le fond de l’océan, les chercheurs ont alors constaté que les niveaux de gaz près du fond marin montaient et descendaient avec les marées.

Autrement dit, les marées terrestres, contrôlées par la Lune, affectent la quantité de méthane libérée par les sédiments du fond marin. Concrètement, les marées basses infligent moins de pression sur le fond marin, ce qui libère davantage de méthane, tandis que les marées hautes maintiennent une pression plus importante, ce qui limite les émissions de méthane.

En utilisant un outil de surveillance permanent, ils ont également pu identifier des rejets de méthane dans une zone de l’océan Arctique qui n’avaient jusqu’à présent jamais été pris en considération. « Cela nous indique que les rejets de gaz du fond marin sont plus répandus que ce que nous pouvons voir en utilisant les sondages traditionnels au sonar« , souligne Andreia Plaza Faverola, principale autrice de l’étude publiée dans Nature Communications.

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Dans cette reconstruction numérique, le méthane peut être vu s’élever du fond marin. Crédits : Andreia Plaza Faverola

Ces observations ont été faites sur un site en eaux profondes. Autrement dit, les émissions de méthane inhérentes à ces changements de pressions restent toujours dans l’océan en raison de la profondeur de l’eau. En revanche, les chercheurs s’inquiètent pour les sites moins profonds où la possibilité que le méthane atteigne l’atmosphère est plus importante.

Ce phénomène récemment découvert soulève également des questions quant aux interactions entre l’élévation du niveau de la mer et le réchauffement des océans. Étant donné que les marées hautes semblent réduire les émissions de méthane, il est possible que l’élévation du niveau de la mer, qui s’accompagne de marées plus élevées, parvienne à contrebalancer en partie la menace d’augmentation des émissions de gaz causée par le réchauffement des océans.