extinction de Sinsk
Fossiles de trilobites récupérés dans les montagnes transantarctiques. Crédits : Paul Myrow, Science Advances

Comment expliquer cette extinction massive il y a un demi-milliard d’années ?

D’après une nouvelle étude, une extinction majeure survenue au cours de l’expansion remarquable de la vie sur Terre pourrait avoir été déclenchée par des processus tectoniques.

Comment expliquer l’extinction de Sinsk ?

L’extinction de Sinsk, également connue sous le nom de crise de l’Époque Tommotienne, est un événement majeur survenu il y a environ 514 à 512 millions d’années. Cette période est célèbre pour l’explosion cambrienne, une période de diversification rapide de la vie sur Terre. Cependant, au milieu de cette floraison de vie, un événement aurait entraîné la disparition de plusieurs groupes majeurs d’organismes marins. Parmi les groupes touchés, on compte les hyolithes, des animaux à coquille conique, et les archéocyathidés, des éponges qui construisaient d’énormes récifs coralliens dans les océans du Cambrien. Ces récifs, qui étaient des habitats essentiels pour de nombreuses espèces marines, auraient également été décimés pendant l’extinction de Sinsk.

Les scientifiques ont longtemps cherché à comprendre les causes de cette extinction. Bien qu’il soit largement admis que la baisse des niveaux d’oxygène dans les océans ait joué un rôle important, la cause précise de cette baisse demeurait toujours un sujet de débat. Or, dans le cadre de ces nouveaux travaux, des chercheurs ont découvert que les mouvements tectoniques associés à la formation du supercontinent Gondwana, il y a environ 513 millions d’années, ont joué un rôle crucial dans l’extinction de Sinsk.

Le rôle de la tectonique des plaques

Des observations sur le terrain ont révélé des similitudes géologiques entre les couches rocheuses de l’Antarctique et de l’île Kangourou, en Australie, indiquant que les deux continents faisaient partie du Gondwana à l’époque de l’extinction de Sinsk. Ces similitudes comprenaient des fossiles de trilobites provenant de récifs coralliens éteints depuis longtemps, datant de la même période que l’extinction de Sinsk.

Les mouvements tectoniques associés à la formation du Gondwana auraient alors déclenché plusieurs événements perturbateurs. Tout d’abord, le soulèvement des montagnes aurait entraîné un affaissement des océans près des côtes, submergeant brusquement les récifs coralliens et les récifs archéocyathidés au-delà de leur capacité de survie. Ensuite, l’érosion des nouvelles chaînes de montagnes aurait entraîné le dépôt de matériaux comme des galets et du gravier sur les récifs submergés.

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Une carte montrant les positions de l’Australie et de l’Antarctique dans le supercontinent du Gondwan. Crédits : Paul Myrow, Science Advances

De plus, les mouvements tectoniques auraient facilité l’émergence de magmas chauds riches en gaz à effet de serre, contribuant ainsi au réchauffement de l’atmosphère terrestre. Ce réchauffement aurait alors perturbé la circulation océanique et entraîné une diminution des niveaux d’oxygène dans les océans, ce qui aurait eu des conséquences néfastes sur de nombreux organismes marins, contribuant à l’extinction de Sinsk.

Si l’on résume, les chercheurs ont donc établi un lien entre les mouvements tectoniques associés à la formation du supercontinent Gondwana et l’extinction de Sinsk, démontrant ainsi le rôle crucial de la tectonique des plaques dans les changements environnementaux et les extinctions massives survenues à cette période de l’histoire de la Terre.

Une extinction révélatrice des liens entre géologie et biologie

Les chercheurs soulignent que l’extinction de Sinsk met en lumière la manière dont les processus géologiques peuvent profondément influencer l’évolution de la vie sur Terre. Ce n’est pas uniquement la tectonique des plaques qui a directement impacté les organismes marins, mais également les bouleversements environnementaux qu’elle a engendrés, tels que les variations des niveaux marins, les changements climatiques rapides et les perturbations des écosystèmes. Ces observations renforcent l’idée que la dynamique interne de la Terre joue un rôle clé dans les grandes transitions biologiques, un constat qui pourrait également guider notre compréhension des impacts des changements environnementaux actuels sur la biodiversité.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.