Comment devront s’adapter les futures civilisations pour survivre à l’expansion de l’Univers ?

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Depuis quelques milliards d’années, l’Univers connaît un taux d’expansion accéléré que nous devons à une mystérieuse énergie invisible. Celle-ci est connue sous le nom d’énergie noire et agit contre la gravité. Avec le temps, elle deviendra la force dominante dans l’Univers, provoquant la propagation de toutes les étoiles et galaxies au-delà de l’horizon cosmique. Si tous ces éléments de l’Univers ne seront plus visibles – ou accessibles – une question demeure alors : que deviendront les civilisations intelligentes ? Cette question a été abordée par le docteur Abraham Loeb, de l’Université de Harvard.

Il est précisé ceci dans le document : quand l’Univers aura dix fois son âge actuel (environ 138 milliards d’années), toutes les étoiles extérieures au Groupe local des galaxies ne nous seront plus accessibles. Pour cette raison, le chercheur recommande que l’humanité suive la leçon d’Ésope dans Les fourmis et la sauterelle. Cette célèbre fable raconte l’histoire de fourmis qui passaient l’été à ramasser de la nourriture pour l’hiver tandis que la sauterelle choisissait de s’amuser. Bien qu’il existe différentes versions de l’histoire qui offrent différentes interprétations de l’importance du travail acharné, de la charité et de la compassion, la leçon est simple : soyez toujours prêts. À cet égard, Loeb recommande que les espèces avancées migrent vers de riches amas de galaxies.

Ces amas représentent en effet les plus grands réservoirs de matière liés par la gravité, et seraient donc plus à même de résister à l’expansion accélérée de l’Univers. Le chercheur indique également où l’humanité (ou d’autres civilisations avancées) devrait envisager de se relocaliser lorsque l’expansion de l’Univers fera s’étendre les étoiles du groupe local au-delà de l’horizon cosmique. Dans les 50 millions d’années-lumière, il privilégie le groupe de la Vierge qui contient des milliers de fois plus de matière que la Voie lactée. Le deuxième plus proche est le Coma Cluster (ou amas de la chevelure de Bérénice), une collection de plus de 1000 galaxies située à environ 336 millions d’années-lumière.

En plus d’offrir une solution à l’expansion accélérée de l’Univers, l’étude du docteur Loeb présente également des possibilités intéressantes en ce qui concerne la recherche de l’intelligence extraterrestre (SETI). Si on envisage sérieusement la présence de civilisations avancées, nous pourrions être en mesure de penser que celles-ci envisagent elles-mêmes de migrer pour se préparer à l’expansion inévitable de l’Univers. « Si les civilisations itinérantes transmettent des signaux puissants, alors nous pourrions être en mesure de voir des preuves de leur migration vers des amas de galaxies, explique le chercheur. Nous pourrions nous attendre à une plus grande concentration de civilisation avancée dans ces grappes de galaxies. Celles qui s’installeraient pourraient établir des communautés plus prospères, par analogie aux civilisations près des rivières ou des lacs sur Terre ».

Une idée similaire a été récemment présentée dans un article récent par le docteur Dan Hooper, astrophysicien du Fermi National Accelerator Laboratory (FNAL) et de l’Université de Chicago. Dans son étude, il a suggéré que les espèces avancées pourraient survivre à toutes les étoiles du groupe local s’étendant au-delà de l’horizon cosmique (100 milliards d’années), en récoltant des étoiles sur des dizaines de millions d’années-lumière.

Cette récolte consisterait à construire des sphères de Dyson non conventionnelles, qui utiliseraient l’énergie qu’elles recueillaient des étoiles pour les propulser vers les « lieux de vie » de l’espèce. En somme si vous n’avez plus d’étoiles, récoltez-en une ailleurs et ramenez-là à la maison. C’est un peu l’idée. Seules les étoiles d’une masse de 0,2 à 1 masse solaire seraient ici utilisables, car les étoiles de grande masse évolueraient au-delà de leur séquence principale avant d’atteindre la destination, et les étoiles de faible masse ne généreraient pas assez d’énergie pour l’accélérer.

Bien sûr, nous ne connaissons à ce jour aucune technologie qui permette le déplacement des étoiles. Nous n’avons également aucun moyen de nous propulser vers le groupe de galaxies le plus proche pour de tirer parti de ses ressources. Mais bien que cela puisse passer pour une préoccupation vraiment lointaine, cela soulève des questions intéressantes sur l’évolution à long terme de l’Univers, et sur la façon dont les civilisations intelligentes peuvent être forcées de s’adapter.

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