Comment certains enfants font-ils pour courir toute la journée sans se fatiguer ?

enfants jeu
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Les enfants ont non seulement des muscles résistants à la fatigue, mais ils récupèrent aussi très rapidement d’un exercice à haute intensité, plus rapidement que les athlètes adultes bien entraînés, révèle une étude.

C’est en effet la conclusion de nouvelles recherches publiées cette semaine dans la revue Frontiers in Physiology, qui comparent la production d’énergie et les taux de récupération post-exercice de jeunes garçons, d’adultes non entraînés et d’athlètes endurants. Des travaux qui pourraient aider à développer le potentiel athlétique chez les enfants, mais aussi à améliorer notre compréhension de la façon dont notre corps change de l’enfance à l’âge adulte. Cette étude aiderait aussi à comprendre comment ces processus contribuent aux risques de maladies telles que le diabète.

« Au cours de nombreuses tâches physiques, les enfants peuvent se fatiguer plus tôt que les adultes parce qu’ils ont une capacité cardiovasculaire limitée et ont tendance à adopter des habitudes de mouvement moins efficaces, mais ils développent aussi des muscles résistants à la fatigue, capables de récupérer très rapidement d’un exercice de haute intensité », explique Sébastien Ratel, de l’Université de Clermont Auvergne à Clermont-Ferrand.

Des recherches antérieures ont effectivement déjà montré que pendant les tâches physiques, les enfants ne se fatiguent pas aussi rapidement que les adultes qui pratiquent peu de sport. Les chercheurs ont alors suggéré que les profils énergétiques des enfants pourraient être comparables aux athlètes d’endurance, mais jusqu’à présent il n’y avait aucune preuve pour le démontrer.

Les scientifiques ont ici demandé à trois groupes différents – des garçons de 8 à 12 ans et des adultes de deux niveaux de condition physique différents (certains entraînés, d’autres non) – de faire du vélo. Les jeunes garçons et les adultes peu entraînés ne participaient pas à une activité physique régulière et vigoureuse. En revanche, les athlètes étaient des compétiteurs de niveau national, habitués aux triathlons, aux courses à pied et aux courses cyclistes sur de longues distances.

Chaque groupe a pour cette étude été évalué pour les deux différentes manières de produire de l’énergie du corps. Le premier, l’aérobie, utilise l’oxygène du sang. La seconde, l’anaérobie, n’utilise pas d’oxygène et produit de l’acidose et du lactate (souvent connu sous le terme incorrect d’acide lactique), ce qui peut entraîner une fatigue musculaire. La fréquence cardiaque, les niveaux d’oxygène et les taux d’élimination du lactate des participants ont été vérifiés après les entraînements pour voir à quelle vitesse ils se rétablissaient.

Résultats : dans tous les tests, les enfants ont surpassé les adultes peu entraînés. « Nous avons constaté que les enfants utilisaient davantage leur métabolisme aérobie et étaient donc moins fatigués pendant les activités physiques de haute intensité », explique le chercheur. « Ils se sont également rétablis très rapidement – même plus vite que les athlètes d’endurance bien entraînés – comme en témoigne leur récupération plus rapide de la fréquence cardiaque et leur capacité à éliminer le lactate sanguin ».

Cela peut donc expliquer pourquoi les enfants semblent pouvoir continuer à jouer malgré la fatigue ressentie par les adultes. « Beaucoup de parents s’interrogent sur la meilleure façon de développer le potentiel athlétique de leur enfant », poursuit Sébastien Ratel. « Notre étude montre que l’endurance musculaire est souvent très bonne chez les enfants, il est donc préférable de se concentrer sur d’autres domaines tels que la technique sportive. Cela peut aider à optimiser l’entraînement physique chez les enfants, afin qu’ils puissent profiter davantage du sport ».

« Avec l’augmentation des maladies liées à l’inactivité physique », poursuit-il, « il est utile de comprendre les changements physiologiques de la croissance qui pourraient contribuer au risque de maladies. Il sera intéressant dans les recherches futures de déterminer si les changements musculaires que nous avons observés au passage à l’âge adulte sont directement liés à ces risques ».

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