Une comète pourrait avoir entraîné la disparition des dinosaures, pas un astéroïde

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Crédits : Chase Stone

Des astronomes proposent une alternative à l’origine de l’extinction des dinosaures non aviens. Une comète en provenance directe du nuage d’Oort – et non un astéroïde – pourrait avoir été déviée de sa trajectoire par la gravité de Jupiter, la menant à se frotter au Soleil. Les puissantes forces de marée de notre étoile auraient alors arraché des fragments de cette comète, et l’un d’eux serait finalement entré en collision avec la Terre.

L’extinction des dinosaures

Il y a 66 millions d’années, une roche d’une dizaine de kilomètres de diamètre, qui voguait tranquillement dans la ceinture d’astéroïdes, était détournée de son chemin pour terminer sa route sur notre planète au pire endroit possible. L’explosion et les conséquences qui s’ensuivirent menèrent environ 75 % des êtres vivants à l’extinction. Les dinosaures furent les premières victimes, rejoints ensuite par les créatures marines et les plantes.

Du moins, c’est l’hypothèse la plus largement acceptée depuis le début des années 80. Celle-ci est basée sur l’analyse des couches sédimentaires située à la limite Crétacé-Paléogène – trouvées partout dans le monde – qui comprend des concentrations inhabituellement élevées d’iridium, un métal plus couramment trouvé dans astéroïdes que sur Terre.

Depuis, les spécialistes ont identifié le site d’impact le plus probable : le grand cratère de Chicxulub, au Mexique, découvert pour la première fois à la fin des années 1970. Cette hypothèse fut renforcée en 2016, lorsqu’un projet de forage permit le prélèvement de carottes dans l’anneau de pointe du cratère, confirmant que la roche avait été soumise à une immense pression, le temps de quelques minutes.

Ceci étant dit, une équipe d’astronomes propose aujourd’hui une alternative à cette origine. Leurs travaux sont publiés dans Scientific Reports.

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Crédits : BORDY ET AL, 2020

Une origine cométaire ?

Amir Siraj, étudiant de premier cycle à Harvard, et l’astrophysicien Avi Loeb, ont commencé à se pencher sur les taux d’impact d’astéroïdes et de comètes sur les exoplanètes semblables à la Terre, il y a quelques années. Ces travaux les ont également amenés à se concentrer sur les comètes dites à longue période de notre propre système solaire. Celles-ci nous arrivent principalement du nuage d’Oort, situé aux confins du Système solaire, à environ 100 000 unités astronomiques du Soleil. Soit 100 000 fois la distance Terre-Soleil.

Leurs analyses ont révélé plusieurs points. D’une part, que le champ gravitationnel de Jupiter est suffisamment puissant pour faire dévier de nombreuses comètes de longue période du nuage d’Oort, les amenant très près du Soleil.

D’autre part, qu’une fraction significative des événements de traversée de la Terre de ces comètes a été directement précédée de rencontres remarquablement proches avec le Soleil.

Tertio, des simulations ont également révélé que les comètes de dix à soixante kilomètres de diamètre pouvaient être déchirées en fragments plus petits par les puissantes forces de marée de notre étoile.

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Une comète à l’origine de la disparition des dinosaures ? Crédits : Université de Manchester

Un taux d’impact plus élevé

Les chercheurs ont également découvert que ces événements se produisent si souvent – et produisent un si grand nombre de fragments –  que la probabilité qu’ils entraînent un impact de la taille de celui de Chicxulub est plus importante que le taux d’impact lié aux populations d’astéroïdes.

La composition inhabituelle de l’impacteur de Chicxulub – la chondrite carbonée – suggère là encore qu’il provenait probablement du nuage d’Oort, où cette matière est beaucoup plus abondante que dans la ceinture d’astéroïdes principale.

Enfin, les auteurs signalent également d’autres cratères d’impact de composition similaire, notamment le cratère Vredefort en Afrique du Sud – résultat d’un impact il y a environ deux milliards d’années – et le cratère Zhamanshin au Kazakhstan, issu d’un impact essuyé au cours du dernier million d’années. Or, ces délais sont conformes aux calculs de Siraj et Loeb, suggérant que de tels objets devraient frapper la Terre tous les 250 000 à 730 000 millions d’années.

Si la théorie est séduisante, elle se base principalement sur des simulations. Aussi, des travaux supplémentaires seront évidemment nécessaires pour la confirmer. Les chercheurs comptent notamment se pencher sur l’observatoire Vera Rubin au Chili – qui verra sa première lumière l’année prochaine – pour confirmer leur hypothèse. « J’espère que nous pourrons tester la théorie en ayant plus de données sur les comètes à longue période, en obtenant de meilleures statistiques et peut-être en voyant des preuves de certains fragments », conclut Avi Loeb.