Il y a environ 13 000 ans, une collision cataclysmique avec une comète pourrait avoir joué un rôle crucial dans l’essor de la civilisation humaine. Bien que controversée, cette hypothèse audacieuse est explorée dans une nouvelle étude qui examine les gravures anciennes du site archéologique de Göbekli Tepe, en Turquie. Les auteurs de l’étude postulent que ces gravures représentent non seulement le plus ancien calendrier solaire connu au monde, mais aussi un récit de cet impact cosmique qui aurait pu déclencher des bouleversements environnementaux et sociaux qui ont catalysé la naissance des sociétés humaines complexes.
Göbekli Tepe : un témoignage d’observation céleste
Situé dans le sud de la Turquie, Göbekli Tepe est un complexe néolithique précéramique datant de plus de 12 000 ans. Ce site mystérieux est constitué de piliers finement sculptés et de structures monumentales érigées bien avant l’invention de l’écriture ou de la roue. Selon une nouvelle étude, les gravures sur un de ces piliers pourraient constituer un calendrier luni-solaire avec des marques en forme de V qui symbolisent les jours de l’année. Ce calendrier témoignerait d’une compréhension avancée des cycles solaires et lunaires par les constructeurs de Göbekli Tepe.
En plus des symboles V, les chercheurs ont analysé une sculpture qui représente une bête ressemblant à un oiseau avec une forme similaire en V sculptée autour de son cou. Ce dessin pourrait représenter la constellation du solstice d’été au moment où il a été sculpté. Le pilier le plus intrigant montre également des représentations qui semblent illustrer le flux de météores des Taurides qui traverse les constellations du Verseau et des Poissons. Nous savons également que l’essaim des Taurides est associé à la comète Encke. Or, il existe une théorie fascinante qui propose qu’un fragment d’une comète, potentiellement issu de l’essaim des Taurides, aurait frappé la Terre à peu près à cette époque.
Un impact sur la société humaine
Selon les auteurs de l’étude, et bien que cette hypothèse ne soit pas universellement acceptée, cet impact cataclysmique aurait pu provoquer d’importantes perturbations climatiques qui auraient mené à une période de refroidissement appelée le Dryas récent.
Cette mini-ère glaciaire aurait eu répercussions profondes sur les sociétés humaines naissantes, les obligeant à s’adapter à des conditions climatiques plus rigoureuses. Pour faire face à ces défis, les communautés auraient notamment dû développer de nouvelles stratégies de survie comme l’agriculture et la sédentarisation, ouvrant la voie à l’essor de civilisations complexes.
Si cet événement a réellement eu lieu, les habitants de Göbekli Tepe auraient également peut-être cherché à commémorer ou à documenter cet impact cosmique significatif à travers leurs gravures, soulignant ainsi l’importance de ces événements astronomiques dans leur culture et leur compréhension du monde.
Les chercheurs suggèrent également que la construction de tels monuments aurait nécessité une organisation sociale avancée, motivée par une nouvelle forme de religion née de la peur et du respect envers le cosmos. Cette hypothèse s’inscrit dans l’idée que la religion, et en particulier un culte du crâne basé sur la crainte et la survie, aurait pu fournir un puissant moteur pour l’organisation sociale et l’innovation technologique.
Une hypothèse controversée
Bien que séduisante, l’hypothèse d’un impact cométaire à l’origine de la civilisation reste sujette à débat. Nombreux sont en effet les chercheurs qui contestent l’existence même de cet impact et ses implications sur l’histoire humaine. Par ailleurs, l’interprétation des symboles de ce calendrier vieux de 13 000 ans reste assez prudente et vague.
Cependant, cette théorie offre un cadre intriguant pour explorer comment des événements cosmiques pourraient avoir façonné le développement des sociétés humaines. Que cet événement ait réellement déclenché la civilisation ou non, il témoigne de la capacité de nos ancêtres à interpréter et à répondre aux défis environnementaux, posant ainsi les bases des civilisations futures.
L’étude est publiée dans la revue Time and Mind.