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De quoi avons-nous besoin pour empêcher un astéroïde de frapper la Terre ? De temps !

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Crédits : urikyo33/pixabay

D’après les estimations d’un astronome, au moins cinq ans seraient nécessaires pour tenter d’empêcher un astéroïde de frapper la Terre. D’autres, plus pessimistes, évoquent au moins une dizaine d’années. Mais avons-nous seulement les moyens de gagner du temps ?

Il y a quelques semaines, le Centre for Near Earth Object Studies du Jet Propulsion Laboratory de la NASA terminait un projet visant à simuler un scénario d’impact d’astéroïde. Le but de ces travaux, qui ont lieu tous les deux ans, est de travailler en groupe sur la prévision d’un possible impact en réagissant à des situations évolutives.

Pour cette année, les chercheurs devaient faire face un astéroïde nommé “2021 PDC” découvert le 19 avril 2021 à 57 millions de km de la Terre. Son approche la plus proche devait avoir lieu le 20 octobre 2021, soit à peine six mois après sa détection. Résultat : une grande partie de l’Europe centrale a été détruite.

La simulation était heureusement fictive, mais elle nous a enseigné une leçon difficile : si un astéroïde similaire venait à véritablement menacer la Terre, aucune technologie existante ne pourrait l’empêcher de nous frapper dans un laps de temps aussi court. Une question se pose alors : combien de temps devrions-nous avoir devant nous pour nous préparer ?

Pas quelques mois, des années

« Cinq ans, c’est le minimum« , annonce Paul Chodas, l’un des responsables de la simulation. Et encore, le chercheur fait partie des optimistes. L’astronome du MIT Richard Binzel l’est quant à lui beaucoup moins, évoquant au moins une décennie de préparation. « Le temps est la marchandise la plus précieuse que vous pourriez souhaiter si vous êtes confronté à une véritable menace d’astéroïdes« , explique le chercheur à Business Insider.

Dans la récente simulation de la NASA, les participants n’ont pris connaissance de la taille de l’astéroïde fictif qu’environ une semaine avant son arrivée sur Terre. Or, une roche de trente-cinq mètres ne fait pas autant de dégât qu’un astéroïde de cinq cents mètres. Quand le premier pourrait exploser dans l’atmosphère, le second pourrait en effet décimer une ville tout entière.

Une identification rapide pourrait donc tout changer dans la mesure où les astronomes auraient davantage de temps pour appréhender la nature de la menace (taille, vitesse, trajectoire). Munis de ces informations, des moyens de défense pourraient ensuite être déployés en conséquence.

Pour gagner du temps, une surveillance accrue et efficace du ciel est donc primordiale. En ce sens, des progrès ont été réalisés, mais il y a encore du travail.

En 2005, le Congrès américain avait en effet demandé à la NASA d’identifier et de suivre 90% de tous les objets géocroiseurs d’au mois 140 mètres de large du Système solaire interne. Il y a deux ans, l’agence a déclaré avoir déniché environ 40% des 25 000 objets estimés de cette taille ou plus.

Bennu astéroïde
L’astéroïde Bennu. Crédits : NASA / Goddard / Université de l’Arizona / Lockheed Martin

Détruire ou modifier la trajectoire de l’astéroïde

Concernant les moyens de défense, trois options sont possibles. La première implique de faire exploser un engin explosif près d’un astéroïde pour le morceler. La seconde consiste à tirer des lasers capables de chauffer suffisamment la roche pour modifier sa trajectoire orbitale. Enfin, la troisième exige d’envoyer un vaisseau spatial percuter l’astéroïde, là encore pour tenter de modifier sa trajectoire.

La NASA et l’ESA sont d’ailleurs sur le point de tester cette dernière stratégie sur Dimorphos, un satellite de l’astéroïde Didymos. Dans le cadre d’une mission baptisée DART (Double Asteroid Redirection Test), les deux agences enverront en 2022 un vaisseau percuter Dimorphos. La mission Hera, de l’ESA, se chargera ensuite de cartographier le système binaire quelques années plus tard pour évaluer le succès de cette mission.

Mais là encore, développer l’une de ces trois options prendrait des années. « En règle générale, il s’agit d’un processus long et pluriannuel pour passer de la proposition à la présence d’un vaisseau spatial sur un lanceur, sans parler du fait que vous devez encore naviguer pour arriver à destination et dévier l’astéroïde« , souligne en effet Paul Chodas.

Et même si nous arrivions à modifier la trajectoire d’un astéroïde, il faudrait encore patienter un ou deux ans pour que son trajet autour du soleil change suffisamment pour l’éloigner de notre planète.

Vous l’aurez compris, le meilleur moyen de se préparer à ce type d’attaque reste les efforts de surveillance. En ce sens, la NASA développe actuellement une mission, NEO Surveyor, visant à traquer les astéroïdes les plus sombres au moyen d’un télescope infrarouge envoyé dans l’espace. Le lancement de cette mission est prévu en 2026.

Dans quelques mois, les chercheurs pourront également compter sur le soutien de l’Observatoire Vera C. Rubin qui permettra la découverte de milliers de nouveaux astéroïdes.

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.