Les grands requins blancs sont parmi les voyageurs les plus intrépides de notre planète. Ils arpentent en effet les vastes étendues océaniques avec une détermination impressionnante. Leur capacité à entreprendre des migrations remarquablement rapides défie également souvent notre compréhension des limites de la vie marine. L’histoire de Nicole, un grand requin blanc, illustre parfaitement cette capacité remarquable.
11 100 kilomètres en moins de 100 jours
Bien que l’on pense souvent à ces prédateurs comme des créatures qui errent sans but dans les eaux côtières, les grands requins blancs sont en réalité capables de parcourir de vastes distances lors de leurs déplacements saisonniers. Ces migrations peuvent être motivées par plusieurs facteurs, notamment la recherche de proies, la reproduction et les conditions environnementales.
Dans les années 2000, Nicole, un grand requin blanc nommé ainsi en hommage à l’actrice australienne et amoureuse des requins Nicole Kidman, avait entrepris l’un de ces voyages depuis les eaux de l’Afrique du Sud. De manière surprenante, cette migration ambitieuse l’avait conduit à travers l’immensité de l’océan Indien, avec pour destination finale l’Australie. En seulement 99 jours, l’animal avait ainsi couvert une distance remarquable de 11 100 kilomètres.
Le requin était ensuite revenu vers l’Afrique du Sud. Son voyage aller-retour, long de plus de 20 000 km, aura duré environ 9 mois et constitua le record de migration transocéanique la plus rapide jamais enregistrée chez les animaux marins.
L’étiquette électronique attachée à la nageoire dorsale de Nicole avait également permis de documenter en détail son comportement de migration. À une vitesse moyenne de 4,7 kilomètres par heure, elle rivalisait avec la vélocité du thon. De plus, ses plongées régulières à des profondeurs pouvant atteindre jusqu’à 980 mètres dans le bassin de l’océan Indien avaient repoussé les limites de ce que l’on pensait possible pour les grands requins blancs.
Plusieurs enseignements
Cette migration spectaculaire avait naturellement offert aux chercheurs de précieuses informations sur l’écologie des grands requins blancs. Nous avions ainsi appris que différentes populations peuvent être étroitement liées malgré leur répartition géographique distincte, ce qui remet en question les hypothèses antérieures selon lesquelles elles étaient plus isolées.
La découverte de cette connectivité entre les populations de requins blancs avait également suggéré la possibilité d’échanges génétiques significatifs cruciaux pour la santé et la résilience à long terme de l’espèce dans son ensemble.
Enfin, la reconnaissance de la connectivité entre les populations de requins blancs avait souligné l’importance cruciale de la mise en œuvre de mesures de conservation et de gestion à l’échelle mondiale. En effet, protéger les populations de requins dans une seule région ne suffit pas nécessairement si elles sont liées à d’autres régions par le biais de migrations transocéaniques. Une approche coordonnée et collaborative est donc nécessaire pour assurer la survie à long terme de ces espèces vulnérables.
Notez que bien que les grands blancs comptent sans aucun doute parmi les plus grands voyageurs des mers, d’autres animaux réalisent également des migrations extraordinaires. La Sterne arctique, un oiseau marin, entame notamment chaque année un voyage monumental de plus de 95 000 kilomètres du nord de l’Europe à l’Antarctique, ce qui démontre la diversité et la complexité des migrations animales à travers le monde.