Combien de temps faudrait-il pour se rendre sur Proxima b, l’exoplanète la plus proche de la Terre ?

Crédits : Illustration artistique - ESO/M. Kornmesser

L’observatoire européen austral (ESO) vient de découvrir une planète potentiellement habitable : Proxima b, qui gravite autour de l’étoile la plus proche de nous, Proxima du Centaure. Un voyage n’est pas prévu pour aujourd’hui, mais combien de temps nous faudrait-il en théorie pour l’atteindre ?

Proxima du Centaure est l’étoile située la plus proche de notre Système Solaire, à environ 4,25 années-lumière. Cette distance est énorme pour nous, mais est très réduite à l’échelle de l’Univers. En effet, en l’état de nos connaissances actuelles, il s’agit d’un océan galactique encore infranchissable. Ainsi, il nous faudra de sérieuses avancées technologiques pour y parvenir.

À titre de comparaison, 4,25 années-lumière (40.000 milliards de km) représentent 700.000 fois la distance Terre-Mars et 250.000 fois la distance Terre-Soleil. La planète Proxima b tourne autour de son étoile d’une façon très proche puisque son orbite n’est située qu’à 7 millions de km de Proxima du Centaure, soit l’équivalent de 5% seulement de la distance Terre-Soleil.

Et pourtant, malgré le fait qu’elle soit très proche de son étoile (donc de son soleil), à une distance 7 fois plus réduite que la distance Mercure-Soleil, Proxima b pourrait être propice à la vie. La faible luminosité de Proxima du Centaure permettrait un tel cas de figure. Une année sur Proxima b est par conséquent très courte, seulement 11 jours contre 88 jours pour Mercure, qui prend ce temps pour achever une révolution autour du Soleil.

« Y a-t-il de l’eau à la surface, des signes de vie ? Pour en être sûr, il faut y aller. Il n’y a pas de vision plus grandiose pour l’humanité » déclare Debra Fischer, astronome à l’Université de Yale (États-Unis).

Nous ne pouvons pas nous y rendre avec notre niveau technologique actuel, mais il est possible et intéressant de calculer le temps qu’il faudrait à un voyage habité pour y aller, en fonction des différents moyens disponibles ou potentiellement à venir.

Avec une sonde New Horizon, aller sur Proxima b prendrait 78.000 ans.

Allant à une vitesse de 17 km/s, cette sonde avait déjà mis une décennie entière pour atteindre Pluton. La Nasa a également exploré une piste menant à la conception d’un moteur fonctionnant avec le nucléaire. Les estimations indiquent que cette technologie permettrait des voyages entre le Terre et Mars en trois mois, mais pour aller sur Proxima b, il faudra en revanche un millénaire.

Un siècle de voyage grâce au souffle d’une explosion nucléaire

La piste suivante n’est que très peu considérée, sûrement à cause du danger de ne pas pouvoir achever le voyage. Selon Stanislaw Ulam, lors du projet Orion (1947), avait proposé de récupérer le souffle de l’explosion de charges nucléaire afin d’atteindre une vitesse d’accélération équivalente à 5% de la vitesse de la lumière (15.000 km/s). Ainsi, le voyage durerait un siècle, mais le risque de ne pas arriver à destination est trop important.

36 ans de voyage grâce au moteur à fusion nucléaire

En restant dans le nucléaire, il y aurait une autre solution qui permettrait un voyage vers Proxima b d’une durée de « seulement » 36 ans ! Il s’agit même du projet sur lequel le plus d’espoir est fondé. Il consiste à maîtriser un moteur à fusion nucléaire afin d’atteindre 10 % de la vitesse de la lumière (30.000 km/s), selon l’astrophysicien Michaël Gillon. Cependant, nous avons déjà un mal fou à maitriser ce biais pour ce qui est de la production d’électricité. De plus, le carburant pose un problème : nous devrions récupérer de l’Hélium 3 sur la planète Jupiter. Il faudra donc attendre !

25 ans de voyage grâce à la voile solaire

Il reste une éventuelle solution, un projet lancé par le milliardaire russe Yuri Milner, avec le soutien de l’éminent Stephen Hawking. Baptisé Starshot, ce projet permettrait un trajet d’une durée de 25 années. Il s’agit d’accélérer de minuscules sondes (moins d’1 gramme chacune) en bombardant depuis la Terre et par le biais d’un laser, leur « voile solaire » qui n’est autre qu’un grand film de quelques atomes d’épaisseur. La théorie veut que la vitesse atteinte représente 20% de la vitesse de la lumière, soit 60.000 km/s. Cependant, les scientifiques estiment qu’un tel système ne sera opérationnel que dans deux décennies minimum.

Dans le meilleur des cas, il faudrait attendre encore un demi-siècle minimum avant d’atteindre Proxima b, et dans le pire des cas, nous ne nous y rendrons jamais. Surtout que de nombreuses interrogations animent la communauté scientifique, par exemple à propos de son atmosphère, dont la question de la présence d’un champ magnétique reste sans réponse.

Sources : 20 Minutes – L’Obs