Pour combattre leur alcoolisme, ils boivent… du vin !

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Cette méthode est testée au Canada dans des centres pour anciens SDF, mais peut-elle vraiment se substituer à la seule volonté d’arrêter ou au baclofène ?

« On appelle ça le Managed Alcohol Program [programme de l’alcool régulé] et le but est de changer les comportements d’addicts invétérés vis-à-vis de la boisson » peut-on lire dans un article de la BBC, qui s’est rendue à Ottawa (Canada) afin de visiter l’un de ces centres pour anciens SDF, le centre Oaks.

Le fonctionnent est le suivant : les pensionnaires ont droit à une dose d’alcool de 140 ml, plus précisément de vin blanc, tous les jours et chaque heure et demi, ente 7h30 et 21h30. Dans le cas où un d’entre-eux se trouverait en état d’ébriété, ce dernier doit faire une sieste et être de retour ensuite, mais cela n’arrive que très rarement.

La cinquantaine de résidents indiquent que, grâce à cette méthode, ils boivent moins mais également avec un esprit différent. L’un d’entre-eux explique :

« Quand j’étais dans la rue, je buvais des piquettes terribles. C’était mauvais, mais je cherchais seulement les effets. Je ne bois plus de ça maintenant –ça me rend malade rien que d’y penser. Et je bois beaucoup moins. »

Un des directeurs du St Joseph’s General Hospital, le Dr Jeff Turnbull, parle de la naissance du Managed Alcohol Program :

« L’idée au départ était de se dire que si nous pouvions stabiliser la folie de leur vie, les journées qui débutent par la recherche d’alcool et toutes les complications qui en découlent, alors peut-être que nous pouvions améliorer leur santé mentale, diminuer leur addiction à l’alcool et leurs maladies physiques. »

La méthode était plutôt controversée à ses débuts, et le le Dr Jeff Turnbul indique même avoir reçu des menaces de mort. En effet, on imagine aisément un SDF alcoolique ayant beaucoup de mal à être encadré et rationné de la sorte.

Le Dr Philippe Batel, coprésident du Comité Scientifique de l’association SOS addiction, expliquait en 2010 pour le site Slate :

« Le dogme de l’abstinence comme unique voie d’approche thérapeutique est aisément explicable. La perte de contrôle de la consommation (quantitative et qualitative) d’alcool est le maître-symptôme de l’alcoolo dépendance. Certains y voient même sa signature spécifique. Dès lors l’arrêt de toute consommation apparait l’objectif, naturel et logique, de la prise en charge thérapeutique. »

Sources : Slate – 8e Étage