La société de biotechnologie Colossal travaille activement pour ramener à la vie le mammouth laineux et le thylacine après leur extinction. Aujourd’hui, l’entreprise a également les yeux rivés sur le dodo. L’oiseau incapable de voler s’est éteint au 17e siècle de l’île Maurice. Colossal a déjà séquencé avec succès le génome de l’oiseau.
Après le mammouth laineux et le tigre de Tasmanie, place au dodo. La société de génie génétique Colossal Biosciences a en effet déclaré ce mardi son intention de ressusciter l’oiseau éteint. Pour soutenir ses activités de « désextinction », l’entreprise bénéficie d’une nouvelle enveloppe de 150 millions de dollars de nouveaux fonds. Parmi les investisseurs figurent plusieurs sociétés de capital-risque, dont United States Innovative Technology Fund et In-Q-Tel (financée par la CIA).
Comme le mammouth et le tigre de Tasmanie, le dodo, qui vivait sur la nation insulaire de l’océan Indien Maurice, fut conduit à l’extinction au 17e siècle à cause de la chasse intensive, mais aussi, et surtout après l’introduction sur son territoire de nouveaux prédateurs par les colons néerlandais. En effet, cet oiseau incapable de voler, qui pouvait atteindre 90 cm de haut, était harcelé par les rats, macaques et cochons sauvages qui s’attaquaient à ses œufs. Or, les dodos ne pondaient qu’un œuf par an. Sans renouvellement des populations, ces oiseaux ont donc simplement disparu.
L’objectif déclaré de Colossal n’est pas simplement de ramener ces créatures pour le plaisir. La réintroduction de ces espèces dans leurs habitats respectifs pourrait en effet aider à rétablir des environnements qui jouaient jadis un rôle clé dans le système climatique mondial.
La réintroduction du mammouth laineux en Sibérie pourrait par exemple favoriser la perturbation du manteau neigeux et la dispersion des graines pour ensemencer les terres. Sa présence pourrait aussi ralentir le dégel du pergélisol arctique. De quoi limiter l’émission de gaz à effet de serre piégés à l’intérieur.
Si le travail de l’entreprise se concrétise, des espèces proxy de ces animaux disparus seront mises à contribution. C’est le principe de la désextinction. Pour le mammouth laineux, Colossal utilisera par exemple un peu d’ADN de l’éléphant d’Asie pour former les embryons. Des éléphants d’Afrique, plus imposants, seront ensuite utilisés pour donner naissance à ces progénitures.
La « renaissance » du dodo impliquera quant à elle le transfert de cellules de la lignée germinale de pigeon dans un hôte (probablement un poulet). Le Nicobar à camail, également appelé pigeon de Nicobar, fournira d’autres cellules pour l’ingénierie du génome tandis que le Dronte de Rodrigues (Pezophaps solitaria), le parent génétique le plus proche du dodo, ajoutera des informations supplémentaires.
Ainsi, ces animaux génétiquement modifiés ne seront pas de véritables mammouths ou dodos à proprement parler. Le but est de s’en rapprocher le plus possible dans le but de proposer les mêmes comportements et rôles écologiques.