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La nouvelle solution n'a été testée jusqu'à présent que sur des souris, mais si elle fonctionne chez l'Homme, elle pourrait ouvrir de nombreuses perspectives médicales, affirment les chercheurs. Crédits : Keyi "Onyx" Li/US National Science Foundation

Un colorant alimentaire pourrait bientôt vous rendre « transparents »

Qui aurait pu imaginer qu’un ingrédient aussi commun pourrait révolutionner le monde de la biologie ? Une équipe de chercheurs a en effet récemment découvert qu’un colorant alimentaire courant pouvait rendre la peau de souris transparente. En revanche, nous ne savons pas encore si cela fonctionnera sur les humains. Cette découverte ouvre en tout cas de nouvelles perspectives pour l’imagerie médicale et la recherche biologique.

Le jeu de la lumière dans les tissus biologiques

L’innovation de cette méthode repose sur une compréhension approfondie de l’interaction entre la lumière et la matière biologique. Nos tissus sont constitués d’une multitude de molécules, chacune ayant un indice de réfraction spécifique. Cet indice détermine la manière dont la lumière se propage à travers le matériau : elle peut être absorbée, réfléchie ou réfractée (c’est-à-dire déviée de sa trajectoire).

Lorsque la lumière traverse un tissu biologique, elle rencontre des interfaces entre différentes substances (eau, protéines, lipides, etc.), chacune ayant son propre indice de réfraction. À chaque interface, une partie de la lumière est dispersée dans toutes les directions, ce qui rend le tissu opaque à nos yeux. C’est un peu comme si la lumière était perturbée dans son trajet, empêchant ainsi de voir clairement ce qui se trouve en dessous.

Le rôle du colorant alimentaire : un équilibrage délicat

Les chercheurs ont eu l’idée d’exploiter cette propriété de la lumière pour rendre les tissus transparents, ou plutôt translucides. En appliquant un colorant alimentaire spécifique, ils ont modifié l’indice de réfraction des tissus et uniformisé ainsi la propagation de la lumière à travers ceux-ci.

La tartrazine, un colorant jaune largement utilisé dans l’industrie alimentaire, a été choisie pour cette expérience. En pénétrant dans les tissus, ce colorant se lie aux protéines et aux autres molécules présentes, modifiant ainsi leurs propriétés optiques. Grâce à cette modification, la lumière est moins dispersée et peut traverser les tissus de manière plus homogène, ce qui rend ainsi les structures internes visibles.

Une fenêtre ouverte sur l’organisme vivant

Cette technique offre une nouvelle perspective sur l’étude des organismes vivants. En rendant la peau transparente, elle permet en effet d’observer en temps réel les processus biologiques qui se déroulent à l’intérieur du corps. Les chercheurs ont ainsi pu visualiser le flux sanguin dans les plus petits vaisseaux, ce qui est essentiel pour étudier la circulation et les maladies cardiovasculaires. Les organes comme le foie, les reins ou l’intestin sont également devenus visibles, permettant d’étudier leur structure et leur fonctionnement. Enfin, les contractions musculaires ont pu être observées en détail, ce qui pourrait révolutionner l’étude de la physiologie musculaire.

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Image fixe d’un time-lapse montrant les vaisseaux sanguins dans le crâne d’une souris traitée avec une solution de tartrazine. Crédits : Université de Stanford/Gail Rupert/NSF

Des applications médicales prometteuses

Cette découverte ouvre la voie à de nombreuses applications médicales. Imaginez pouvoir visualiser les veines de manière plus précise pour faciliter les prélèvements sanguins ou détecter plus tôt les tumeurs cancéreuses en observant directement les tissus concernés. Cette technique pourrait également révolutionner la recherche fondamentale en permettant d’étudier en temps réel le développement des maladies et l’efficacité de nouveaux traitements.

Bien que cette technique ait été testée avec succès sur des souris, il reste encore de nombreuses questions à résoudre avant de pouvoir l’appliquer à l’homme. La peau humaine étant plus épaisse que celle des rongeurs, l’absorption du colorant pourrait en effet être plus difficile. De plus, il faudra s’assurer que cette méthode est totalement sûre et sans effets secondaires à long terme.

Les chercheurs sont cependant enthousiastes quant aux perspectives offertes par cette découverte. Ils estiment que cette technique pourrait devenir un outil indispensable pour les médecins et les biologistes, ouvrant ainsi de nouvelles voies pour le diagnostic et le traitement des maladies.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.