vaisseau générationnel
Crédits : 紅色死神 / iStock

Colonisation spatiale : la notion de vaisseau générationnel, une possible réalité ?

Officiellement, l’idée d’un vaisseau générationnel (ou arche spatiale) relève aujourd’hui de la spéculation. Toutefois, il faut savoir que plusieurs projets sont à l’étude malgré la présence de très nombreux obstacles technologiques.

Un vaisseau générationnel : des problématiques nombreuses et cruciales

À l’origine issue de la littérature de science-fiction dans la première moitié du XXe siècle, la notion de vaisseau générationnel (aussi appelé vaisseau monde ou arche spatiale) demeure aujourd’hui spéculative. L’idée est pourtant simple : il s’agit d’un vaisseau capable de voyager dans l’Univers à une vitesse très inférieure à celle de la lumière qui prendrait des centaines, voire des milliers d’années pour atteindre sa destination. Autrement dit, plusieurs générations d’humains se succèderaient à bord.

Si la question d’une vitesse très inférieure à celle de la lumière semble rendre l’idée réaliste, les distances restent énormes. Rappelons tout de même que le système stellaire le plus proche, à savoir Alpha du Centaure, se trouve à 4,3 années-lumière de notre planète. Ainsi, il faudrait entre voyager entre 19 000 et 81 000 ans pour y parvenir.

Par ailleurs, diverses problématiques cruciales entrent dans le cadre de la notion de vaisseau générationnel : la nature du système de propulsion, la taille du vaisseau, la quantité d’humains qui composent l’équipage, l’architecture ou encore la question de la survie en espace clos et autosuffisant. Or, la grande majorité de ces problématiques sont encore en questionnement et les éventuelles solutions sont très loin d’être définies. Ainsi, il est évidemment question d’un sujet très large qui fait l’objet de nombreuses études, si bien que nous avons sélectionné trois avis ou projets brièvement explorés.

vaisseau générationnel
Le vaisseau générationnel proposé par le projet Hyperion basé sur le design du Stanford Torus de la NASA. Crédits : Project Hyperion / Facebook

Des avis et projets très différents

En 2019, nous évoquions l’avis de Frédéric Marin (Observatoire astronomique de Strasbourg) et de Camille Beluffi (start-up Casc4de). Les chercheurs avaient réfléchi à la meilleure configuration possible : un équipage minimal de 98 personnes et un vaisseau de 224 mètres de rayon pour 320 mètres de longueur dans la mesure où il s’agirait d’un engin conçu pour générer une gravité artificielle par la force centripète. Les dimensions du vaisseau ont été principalement pensées pour y établir des surfaces dédiées à l’agriculture, mais une question reste en suspens : comment répondre aux besoins en eau ?

En 2011, le professeur luxembourgeois Andreas M. Hein avait quant à lui lancé un projet baptisé Hyperion. L’objectif ? Fournir une évaluation de la faisabilité d’un vol interstellaire habité (ou d’un vaisseau générationnel) en utilisant les technologies actuelles et à venir. En 2013, un chercheur avait estimé la quantité d’humain idéale pour ce projet : 40 000, dont 23 400 mâles et femelles reproducteurs. Cette quantité permettrait de maintenir une bonne santé sur cinq générations malgré quelques soucis possibles en lien avec la consanguinité, la diversité génétique ou encore les risques de changement, voire de catastrophe démographique. Après l’arrivée sur une exoplanète accueillante, une population de 10 000 personnes pourrait être un bon point de départ.

Enfin, comment évoquer la notion de vaisseau générationnel et ne pas mentionner le spectaculaire projet Blue Origin du milliardaire Jeff Bezos (Amazon) ? Il y a quelques années, il avait en effet évoqué la possibilité d’une flotte de colonies spatiales volantes, des vaisseaux géants capables d’héberger un total de 1 000 milliards d’humains. Plusieurs visuels avaient été publiés montrant des environnements qui réunissent les conditions de vie idéales pour les êtres humains, des lieux par ailleurs sans catastrophes naturelles. Néanmoins, il n’était alors pas question d’atteindre une planète en particulier, mais de demeurer en orbite dans le Système solaire et d’exploiter ses ressources.

Yohan Demeure, expert géographe

Rédigé par Yohan Demeure, expert géographe

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.