Un vieux corps de fusée et un satellite militaire se sont manqués de peu le 29 janvier dernier. Les deux structures, qui orbitent autour de la Terre depuis des années, seraient en effet passées à environ six mètres l’un de l’autre. Une collision aurait pu générer des milliers de nouveaux débris et potentiellement accélérer le syndrome de Kessler.
LeoLabs est une société privée qui suit les satellites et les objets abandonnés en orbite terrestre basse grâce à trois stations radar situées aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. Les chercheurs ont repéré la quasi-collision dans les données du 27 janvier. Les deux objets impliqués étaient le second étage de la fusée SL-8 NORAD ID 16511, lancée en 1986, et le satellite militaire Cosmos 2361, lancé en 1998. Tous deux se sont croisés à une altitude de 984 kilomètres et à une distance de seulement six mètres (marge d’erreur de seulement quelques dizaines de mètres).
Une collision entre les deux objets aurait pu produire des milliers de nouveaux fragments de débris qui seraient restés en orbite terrestre pendant des décennies. Cette bande d’altitude (950 et 1 050 km) abrite également de nombreux autres objets, dont plus de 160 corps de fusées soviétiques SL-8 lancées il y a plusieurs décennies.
Un possible Syndrome de Kessler
LeoLabs souligne que ce type de collision potentielle entre « deux objets abandonnés massifs » pourrait entraîner une terrible réaction en chaîne. On appelle ça le « Syndrome de Kessler ». Par cet effet, le nombre de débris spatiaux en orbite basse ne cesserait donc de grandir de façon exponentielle au point de rendre l’exploration spatiale impossible. Nous pourrions également dire Adieu aux satellites sur lesquels repose toute notre civilisation.
Ces quasi-accidents sont malheureusement de plus en plus fréquents, forçant les sociétés et agence opérants à effectuer de multiples manoeuvres d’évitement. SpaceX, à titre d’exemple, aurait effectué plus de 26 000 de ces manoeuvres pour éviter tout collision de ses satellites Starlink entre le 1er décembre 2020 au 30 novembre 2022.
Dans le but de répondre à cette menace, plusieurs solutions sont actuellement imaginées, tels que des moyens de collecte des déchets spatiaux.
De son côté, la présidente et cheffe d’exploitation de la société, Gwynne Shotwell, a évoqué l’idée de s’appuyer sur le vaisseau Starship pour aller récupérer certains de ces corps de fusée morts. Désormais, la Federal Communication Commission (FCC) veut également obliger les opérateurs de satellites en orbite terrestre basse à désorbiter leurs engins spatiaux dans les cinq ans suivant la fin de leur mission, un délai beaucoup plus court que celui actuellement requis.