Il y a près de cinq cents ans, c’est plus de 15 millions d’Aztèques qui ont trouvé la mort en l’espace de seulement cinq ans, soit environ 80 % de cette population. Une récente étude fait la lumière sur cette terrible épidémie qui a décimé la population aztèque.
De 1545 à 1550, deux vagues épidémiques ont frappé le Mexique, contribuant à faire totalement disparaître la population aztèque. On les appelle les cocoliztli (équivalent de « peste » en dialecte local). Au total, ce sont plus de 15 millions de personnes, soit 80 % de la population du pays, qui ont péri des suites de ces épidémies des suites de symptômes impressionnants qui entraînaient la mort en l’espace de trois à quatre jours seulement.
« L’épidémie a ravagé le Mexique après que les Européens sont arrivés sur le territoire sud-américain. C’est la deuxième épidémie la plus fatale de l’Histoire en terme de pertes humaines », explique Ashild Vagene, de l’Université de Tuebingen en Allemagne au Guardian. Notons que l’épidémie la plus mortelle recensée est celle de la peste noire ayant eu lieu en Europe au XIVe siècle. Pour ce qui est des Aztèques, le missionnaire espagnol Fray Juan de Torquemada (1557-1624) notait à l’époque que « Dans les villages et les villes, de grands fossés avaient été creusés. Du matin au soir, les prêtres ne faisaient que transporter les cadavres et les jeter dans les fossés ».
Pendant longtemps, on a attribué cette perte de la population aztèque aux maladies fréquentes de l’époque, à savoir la rougeole, le paludisme, la variole, les oreillons et la grippe. Mais dans une étude publiée ce lundi 15 janvier 2018 dans la revue Nature Ecology & Evolution, les scientifiques écartent cette affirmation. Ceux-ci ont en effet identifié une « fièvre entérique » semblable à la typhoïde pour laquelle ils ont trouvé des traces d’ADN sur les dents de victimes.
« L’identification de l’agent pathogène responsable de ce carnage a été particulièrement difficile pour les scientifiques, car les maladies infectieuses ne laissent que très peu de traces archéologiques », lit-on sur le site NPR.
C’est donc l’analyse de l’ADN des dents de dix personnes qui ont péri durant la première vague de l’épidémie qui a permis d’apporter une réponse, désignant la Salmonella enterica, sérotype Paratyphi C comme coupable. Il s’agit d’un type de salmonelle qui provoque une fièvre mortelle. Ce sont en réalité les colonisateurs européens – en accostant les côtes du Nouveau Monde – qui ont apporté des germes contre lesquels la population locale n’avait aucune immunité.
Vingt ans auparavant, une épidémie de variole tuait 5 à 8 millions de personnes aztèques. Enfin, une troisième vague, survenue de 1576 à 1578, a tué la moitié du peu de population restante.