Selon une étude menée outre-Atlantique, un traitement anti-âge basé sur plusieurs produits chimiques pourrait inverser le vieillissement cellulaire en seulement quatre jours. Par ailleurs, d’après les chercheurs, ce « cocktail de jouvence » serait peu onéreux et facile à fabriquer.
Un cocktail de jouvence pour inverser le vieillissement cellulaire
Rajeunir les cellules humaines par inversion de l’âge biologique (ou âge transcriptomique) est l’objectif de nombreuses équipes de recherches aux quatre coins du monde. L’exemple le plus frappant de ces dernières années n’est autre que celui de Bryan Johnson (46 ans), une figure de la biotech qui tente d’inverser le vieillissement de son corps. Toutefois, il se contente pour cela de suivre un régime alimentaire strict et d’effectuer certains exercices physiques.
Une étude publiée dans la revue Aging en juillet 2023 propose quant à elle le cocktail chimique ultime ou plutôt un « cocktail de jouvence » afin de faire rajeunir les patients. Ce projet piloté par l’École de médecine de l’Université d’Harvard (États-Unis) a notamment repris les bases de recherche des deux prix Nobel de médecine 2012 : Shinya Yamanaka et Sir John B. Gurdon.
Il y a une décennie, le duo a en effet découvert un moyen de transformer les cellules adultes en cellules souches pluripotentes induites (iPS) en activant des facteurs de transcription baptisés « Yamanaka » chez des mammifères. Ensuite, une autre équipe de recherche a démontré que l’activation temporaire des facteurs OCT4, SOX2 et KLF4 chez les souris n’avait aucune incidence sur leur santé.

Des travaux encore à leurs balbutiements
L’équipe de David A. Sinclair à Harvard a donc travaillé sur un moyen d’appliquer la méthode chez les humains. Dans un premier temps, les scientifiques ont activé les facteurs Yamanaka chez des primates et des souris souffrant de troubles de la vision, ce qui a permis le rétablissement de nerfs optiques endommagés. Bien que prometteurs, les résultats étaient limités par une impossibilité d’appliquer la méthode de façon généralisée. Il faut dire que la thérapie génique, qui consiste ici à introduire des gènes du facteur Yamanaka dans les cellules à l’aide d’un virus, est trop coûteuse.
Ainsi, les chercheurs britanniques ont continué leurs travaux et ont focalisé leur attention sur des produits chimiques qui permettraient selon eux d’obtenir des résultats aussi intéressants que la thérapie génique à moindre coût. Dans les faits, leur système permet de comprendre les différences entre les cellules jeunes et les cellules d’un âge avancé (dites sénescentes). En analysant les facteurs génétiques en lien avec le vieillissement et les taux en temps réel de compartimentation des protéines nucléocytoplasmiques (NCC), les scientifiques ont appris que les membranes nucléaires des cellules sénescentes fuyaient, contrairement à celles des cellules jeunes.
L’équipe a identifié six cocktails chimiques capables de générer une augmentation des taux de NCC des cellules sénescentes et d’inverser ainsi leur vieillissement. Les tests ont permis de découvrir que l’inversion de l’âge biologique pouvait se produire en seulement quatre jours, sans affecter l’activité cellulaire, et donc la santé. Pour l’instant, il s’agit seulement de tests en laboratoire dans un contexte cellulaire, si bien qu’aucun essai n’a été pratiqué sur des animaux ou des humains. Toutefois, les scientifiques pensent qu’en cas de succès, des médicaments anti-âge inédits et surtout réellement efficaces pourraient un jour arriver sur le marché.