Des scientifiques décrivent pour la première fois le cloaque d’un dinosaure

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Crédits : Bob Nicholls

Pour la toute première fois, des paléontologues ont analysé le cloaque d’un dinosaure non-avien. Ces travaux, publiés dans la revue Current Biology, pourraient nous en apprendre davantage sur la vie sociale et reproductive de ces animaux anciens.

Psittacosaurus est un genre éteint de dinosaures ornithischiens cératopsiens évoluant en Asie il y a environ 130 à 100 millions d’années. Toutes les espèces (on en connaît une dizaine) étaient des bipèdes herbivores de la taille d’une antilope. Ils étaient également équipés d’un gros bec visible sur la mâchoire supérieure.

Ceci étant dit, un spécimen vieux de 120 millions d’années, découvert il y a quelques années dans le nord-ouest de la Chine et depuis exposé au musée d’histoire naturelle de Senckenberg à Francfort, en Allemagne, vient de faire l’objet d’une analyse inédite. Pour la première fois, des chercheurs ont en effet analysé et décrit son cloaque.

Pour rappel, cet organe « couteau suisse » permettant la sortie des œufs, l’évacuation des urines et des excréments, mais aussi la reproduction chez les oiseaux, les reptiles, les amphibiens et certains mammifères.

Les cloaques sont relativement bien étudiés de nos jours, mais nous en savons peu sur ceux des dinosaures. Le paléobiologiste Jakob Vinther et son équipe, de l’Université de Bristol (Grande-Bretagne), se sont donc attelés à la tâche grâce à ce spécimen étonnamment bien conservé.

Ces travaux n’ont pas été simples dans la mesure où, vu la manière dont le fossile est positionné, l’anatomie interne de cette ouverture n’a pas été préservée : seul l’évent externe est encore visible. Aussi, certaines informations telles que le sexe de l’animal n’étaient malheureusement pas accessibles.

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Contemplez avec admiration le premier évent cloacal d’un dinosaure (et le seul connu). Crédits : Jakob Vinther, Université de Bristol, Bob Nicholls

Quelques similitudes avec les animaux modernes

Ceci dit, l’anatomie extérieure de ce cloaque a livré quelques indices intéressants. Bien qu’il ne ressemble à celui d’aucun autre animal moderne connu, l’équipe a pu identifier plusieurs caractéristiques communes avec les reptiles crocodiliens, tels que les alligators et les crocodiles, et les oiseaux.

Les chercheurs ont notamment souligné un lobe dorsal similaire à la protubérance cloacale observée chez les oiseaux. Grossièrement, il s’agit d’un gonflement situé près du cloaque pendant la saison de reproduction, à l’intérieur duquel le mâle stocke le sperme – bien que, encore une fois, sans l’anatomie interne, il soit impossible de le dire avec certitude.

Le cloaque de ce dinosaure présentait également des lèvres latérales de chaque côté de l’ouverture, un peu comme celles des crocodiliens. Contrairement aux crocodiliens cependant, celles de Psittacosaurus étaient disposées en forme de V, ainsi l’ouverture aurait pu être en forme de fente.

Ces lèvres cloacales étaient aussi couvertes de petites écailles superposées et fortement pigmentées de mélanine. Chez les crocodiliens, elles fonctionnent comme des glandes odorantes utilisées lors des manifestations sociales. C’est également une caractéristique observée dans les organes génitaux des babouins et des salamandres, deux espèces connues pour afficher leurs parties intimes aux partenaires potentiels. Il est ainsi possible, d’après les auteurs, que le cloaque de ce dinosaure ait également joué un rôle dans la recherche d’un partenaire.

C’est à peu près tout ce que nous savons pour le moment. Naturellement, le manque d’échantillons n’aide pas, mais c’est en analysant ces organes que nous pourrons en apprendre davantage sur le fonctionnement de leur vie sociale et reproductive. En espérant que d’autres paléontologues seront désormais à la recherche d’autres cloaques fossilisés pour tenter de combler ces lacunes.