Climat : vers une hausse des départs de feux liés à la foudre

Crédits : NASA / Government of Alberta.

Avec le réchauffement planétaire, le nombre moyen d’impacts de foudre sur Terre devrait augmenter. C’est tout particulièrement vrai pour les impacts dits chauds qui constituent la première source de départs de feux d’origine naturelle. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications le 10 février.

Une équipe de chercheurs hispano-gérmanique s’est intéressée à l’évolution de la foudre dans le contexte du réchauffement climatique, et plus précisément aux impacts qui sont susceptibles de déclencher des feux de végétation. Ce type de décharges électriques, aussi appelées « impacts chauds », se caractérisent par une durée bien supérieure à la moyenne. Pour donner un ordre d’idées, le courant peut circuler en continu pendant un intervalle allant de 40 millisecondes à près d’une seconde, ce qui est assez long pour faire chauffer le bois jusqu’à combustion.

Plus d’impacts de foudre, toutes catégories confondues

En intégrant une paramétrisation détaillée des processus orageux à un modèle climatique dans le cadre d’un scénario d’émissions de gaz à effet de serre élevées, les scientifiques ont observé une augmentation de 43 % du nombre total de décharges sur Terre d’ici la fin du siècle. En ce qui concerne les impacts chauds, la hausse se chiffre à 41 %, tandis que la totalité des décharges nuage-sol est sujette à une augmentation plus modeste de 28 %. La figure ci-après révèle la géographie des changements simulés.

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Changements annuels du nombre total d’impacts de foudre (a), des impacts nuage-sol (b) et des impacts chauds (c). Les couleurs chaudes indiquent une hausse, les couleurs froides une baisse. Crédits : Francisco J. Pérez-Invernón & coll. 2023.

Qu’impliquent ces changements en termes d’évolution du risque de départ de feux liés à la foudre ? Pour répondre à cette question, les scientifiques ont défini un indicateur qui prend en compte l’évolution de la foudre, mais aussi celle de la température, des précipitations, de l’humidité des sols et du déficit en vapeur de l’air. Les résultats sont présentés sur la figure ci-dessous.

Évolution du risque de départs de feux liés à la foudre (en %) d’ici à la fin du siècle. Crédits : Francisco J. Pérez-Invernón & coll. 2023.

On voit que de nombreuses régions sont promises à une hausse du risque d’incendies liés à la foudre. Citons en particulier l’Afrique, l’Europe, l’Indonésie, l’Amérique du Sud et l’ouest de l’Amérique du Nord. À l’inverse, les hautes latitudes sont relativement épargnées en raison d’une hausse des précipitations d’été, ce qui représente un aspect positif quand on sait la grande quantité de carbone contenue dans les sols susceptible d’être libérée par les incendies.

Les résultats illustrent la nécessité d’intégrer une représentation de la foudre dans les modèles climatiques afin de simuler de façon plus précise l’évolution des incendies et la réponse du cycle du carbone au changement climatique. Compte tenu du fait que les incendies libèrent des particules fines, des oxydes d’azote et d’autres polluants, la perspective d’une meilleure évaluation de la qualité de l’air est également en jeu.