Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le monde a moins de trois ans pour inverser la tendance de la consommation incessante de combustibles fossiles et sauver le climat. Les auteurs soulignent également que tous les moyens techniques et financiers sont aujourd’hui disponibles pour atteindre cet objectif.
Le rapport du Groupe de travail III du GIEC fournit une évaluation actualisée des progrès et des engagements mondiaux en matière d’atténuation du changement climatique. Son dernier rapport a été approuvé le 4 avril 2022 par les 195 gouvernements membres de l’organisation. Il s’agit du troisième volet du sixième Rapport d’évaluation du GIEC, dont la rédaction s’achèvera cette année.
Que nous dit ce rapport ?
Durant la période 2010-2019, les émissions mondiales annuelles moyennes de GES étaient à leur plus haut niveau de l’histoire de l’humanité, même si le rythme d’augmentation commence à ralentir. Il n’en demeure pas moins que sans une réduction immédiate et radicale de ces émissions, il nous sera impossible de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, comme convenu par les Accords de Paris en 2015.
Les prochaines années seront également décisives pour le climat. Dans les scénarios évalués, les émissions mondiales de GES devraient en effet atteindre leur valeur maximale avant 2025, puis diminuer de 43 % d’ici à 2030. Une réduction parallèle d’environ un tiers du méthane est également requise.
Toujours dans le cadre d’une limite à 1,5 °C, les températures planétaires se stabiliseront lorsque les émissions de dioxyde de carbone se seront ramenées à une valeur nette de zéro. Cette valeur doit être atteinte au début des années 2050. La date butoir se situe au début des années 2070 pour ne pas dépasser la limite des 2 °C.
Selon les auteurs, la portée de l’action climatique devient de plus en plus tangible. Depuis 2010, les coûts des énergies solaire et éolienne n’ont en effet cessé de diminuer, tandis qu’un arsenal de plus en plus riche de lois et de politiques favorise leur déploiement.
« Nous nous trouvons à la croisée des chemins. En prenant les bonnes décisions aujourd’hui, nous pouvons garantir un avenir vivable. Nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement », souligne Hoesung Lee, le président du GIEC.
Un objectif réalisable
Concernant les efforts, les villes et centres urbains peuvent diminuer leur consommation d’énergie en créant davantage de lieux propices à la marche, en combinant l’électrification des transports avec l’adoption de sources d’énergie à faible émission de carbone ou en favorisant les mécanismes naturels d’absorption et de stockage du carbone.
La réduction des émissions industrielles (un quart des émissions mondiales) passe également par une utilisation plus efficace des matériaux, la réutilisation ou le recyclage des produits et la diminution au strict minimum des déchets. Toujours selon le rapport, pour les matériaux de base, tels que l’acier, des procédés de production à émissions de gaz à effet de serre faibles ou nulles sont également en phase pilote ou proches de la commercialisation.
Enfin, les auteurs du document soulignent que malgré la nécessité de multiplier les ressources pour limiter l’élévation de la température à 2 °C à l’horizon 2030, le volume de capitaux et de liquidités disponibles à l’échelle planétaire reste suffisant pour atteindre cet objectif. Finalement, tout dépendra de la clarté des signaux envoyés par les gouvernements et la communauté internationale en général.