Le Secrétaire général de l’ONU vient de brosser un tableau sombre de l’état de notre planète, déplorant une « guerre suicidaire contre la nature ». D’après lui, une « reprise verte » après la pandémie pourrait être notre dernière chance.
Les six dernières années, de 2015 à 2020, devraient être les six années les plus chaudes jamais essuyées depuis le début des relevés en 1850, a déclaré ce mercredi l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations Unies dans son rapport provisoire sur l’état du climat.
L’année 2020, de son côté, est en passe d’intégrer le Top 3 de ce classement, avec une température mondiale supérieure de 1,2 °C comparé aux niveaux préindustriels. Et ce malgré l’impact de La Niña – dont les conséquences maritimes et climatiques sont globalement l’inverse de celles proposées par El Niño – qui tend à faire baisser la température des eaux de l’est de l’océan Pacifique, autour de l’équateur.
« La nature riposte toujours »
En marge de cette présentation tenue à l’Université Columbia de New York, le chef de l’ONU Antonio Guterres a prévenu : nous sommes au bord d’une « catastrophe climatique ».
« Pour le dire simplement, l’état de notre planète est brisé », a déclaré Guterres. « L’humanité fait la guerre à la nature. C’est suicidaire. La nature riposte toujours – et elle le fait déjà avec une force et une fureur croissantes. La biodiversité s’effondre. Un million d’espèces sont menacées d’extinction. Les écosystèmes disparaissent sous nos yeux ».
Le chef de l’ONU a déclaré que les politiques climatiques et environnementales avaient « échoué à relever le défi climatique », soulignant que les émissions de gaz à effet de serre enregistrées cette année sont 60 % plus élevées qu’en 1990, et ce malgré le contexte pandémique. Si l’on reste sur la même tendance, le rapport prévoit une augmentation des températures moyennes mondiales de 3 °C à 5 °C d’ici 2100.
Agir ensemble, vite, et maintenant
Pourtant, il y a encore de l’espoir, estime Antonio Guterres. Si l’objectif de l’Accord de Paris sur le changement climatique visant à limiter à 2 °C la hausse des températures mondiales d’ici la fin du siècle semble malheureusement hors de portée, les pays signataires doivent désormais agir ensemble et présenter de nouveaux engagements au cours des prochains mois pour combler les écarts.
« Faire la paix avec la nature est la tâche déterminante du 21e siècle. Cela doit être la priorité absolue pour tout le monde, partout », a-t-il poursuivi. « Dans ce contexte, la sortie de la pandémie est une opportunité à saisir ».
Les pays ont déjà dépensé des milliards de dollars dans le but de relancer leur économie, au détriment bien souvent de la santé environnementale. Guterres estime qu’il aujourd’hui temps de « faire basculer l’interrupteur vert », arguant qu’une « économie durable créerait des emplois, des infrastructures plus propres et un avenir résilient ».
En d’autres termes, nous pouvons bâtir un avenir plus vert tout en favorisant une économie florissante, alors que l’inverse n’est peut-être pas une option.