Climat et feux de forêt, un lien plus complexe que prévu ?

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Un feu de forêt en Californie. Crédits : skeeze/pixabay

Les représentations du changement climatique exposent souvent un monde en proie à des feux de forêt de plus en plus intenses et nombreux. Toutefois, peu de travaux se sont intéressés à la disponibilité en combustible et à son effet limitant quant à la hausse projetée. Aurions-nous manqué un mécanisme régulateur qui nous préserverait des projections les plus menaçantes ?

Ainsi qu’ont pu l’illustrer les médias internationaux au cours des dernières années, les feux de forêt majeurs tendent à se multiplier à travers le monde. Aussi, les climatologues insistent sur le fait que si nous ne faisons rien pour limiter rapidement le réchauffement, cette tendance se poursuivra et s’intensifiera dangereusement tout au long du siècle.

La disponibilité en combustible, une rétroaction négative

Cependant, on peut se demander si, à force de brûler, la végétation ne viendrait pas à faire défaut et donc à s’opposer à l’aggravation des incendies. Autrement dit, est-ce qu’un effet stabilisateur lié à une moindre disponibilité en combustible ne compenserait-il pas la hausse attendue dans l’activité des feux, jouant de ce fait le rôle de rétroaction négative ?

Pour répondre à cette interrogation, une équipe de chercheurs s’est concentrée sur l’ouest des États-Unis, une région particulièrement exposée aux feux de forêt et à leur augmentation dans un contexte de réchauffement climatique. La période d’étude s’étend de 2020 à 2050, un horizon temporel considéré comme proche. Les résultats sont publiés dans la revue scientifique Communications Earth & Environment ce 2 novembre.

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Évolution de la surface de forêts brûlée (moyenne mobile sur 11 ans) selon différents scénarios de disponibilité en combustible (couleurs). L’évolution observée apparaît en noir tandis que la simulation sans contrainte apparaît en gris. Notez la différence entre cette dernière et celle avec la plus forte limitation sur le combustible (turquoise). Crédits : John T. Abatzoglou & coll. 2021.

Feux de forêt : l’influence dominante du réchauffement climatique

Les chercheurs ont effectué un ensemble de simulations avec des outils numériques couplant le climat, la végétation et l’activité des feux. Les résultats obtenus montrent que la rétroaction négative est bien présente, mais trop faible au regard de l’évolution climatique pour avoir un effet majeur. Sa prise en compte dans les calculs conduit ainsi à revoir à la baisse les projections, mais sans changer de façon fondamentale l’allure générale des courbes (voir la figure ci-dessus).

En effet, même dans la simulation qui présente la rétroaction stabilisatrice la plus forte, on attend malgré tout une augmentation de la superficie des terres brûlées de près de 50 % entre 2021 et 2050 par rapport à la période 1991-2020. Sans aucune rétroaction, ce pourcentage avoisine les 100 %, équivalent à un doublement de la surface brûlée.

« Il est peu probable que les limitations en combustible (…) restreignent fortement les importantes augmentations de la superficie des feux de forêts induites par le climat d’ici le milieu du 21e siècle, soulignant la nécessité d’une adaptation proactive à l’augmentation des feux de forêts dans l’ouest des États-Unis », conclut le papier dans son résumé.