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Climat : 2020 prévue dans le top 3 des années les plus chaudes au niveau mondial, malgré l’absence d’El Niño

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Anomalie de température sur janvier-avril 2020 par rapport à la moyenne 1951-1980. Crédits : https://berkeleyearth.org/.

Selon les données fournies par l’organisme scientifique Berkeley Earth, avril 2020 a été le mois d’avril le plus chaud jamais observé au niveau mondial depuis le début des mesures en 1850. Aussi, les experts du climat s’attendent à ce que 2020 termine dans le top 3 des années les plus chaudes. Et ce, avec une probabilité substantielle de battre le record de 2016.

Ces résultats confortent ceux obtenus par d’autres groupes comme NASA GISS ou Copernicus Climate Change. Bien que le record d’avril ait un statut nominal – la barre d’incertitudes ne permettant pas d’être catégorique sur le classement -, il appuie la poursuite très nette d’une tendance de long terme à l’augmentation de la température planétaire.

Plus précisément, avril 2020 se situe 1,5 °C au-dessus de la moyenne représentative des conditions préindustrielles (1850-1900). Une anomalie de chaleur remarquable, en 4e position des plus élevées tous mois confondus. En effet, seuls janvier, février et mars 2016 font mieux.

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Anomalie de température par rapport au climat moyen de 1951-1980 pour les mois d’avril depuis 1850. Les barres verticales indiquent l’incertitude. Crédits : https://berkeleyearth.org/.

Climat : un pic chaud assez troublant

Cependant, la comparaison n’est pas tout à fait pertinente. En particulier, l’année 2016 subissait les effets d’un puissant El Niño. Un phénomène naturel connu pour faire bondir de façon temporaire la température globale. Or, cette année les conditions dans le Pacifique équatorial sont neutres. Cela rend le score du mois d’avril et du premier quadrimestre 2020 réellement remarquables.

Aussi, les projections effectuées par Berkeley Earth tablent désormais sur une année qui finira de façon quasi certaine dans le top 3 des plus chaudes. La probabilité de voir 2020 en première place du podium est pour l’instant privilégiée, évaluée à 60 %. Et ce, sans aucun coup de boost offert par El Niño ! Selon les dernières sorties des modèles, c’est même un épisode La Niña qui est attendu avant la fin de l’année. Ainsi, le système climatique continue d’être anormalement chaud – au moins en surface – par rapport à une tendance de long terme déjà rapide.

Des hypothèses qui demandent à être vérifiées

Comme le précise Berkeley Earth sur son site, les projections s’alignent désormais avec celles d’autres instituts comme le NASA GISS. Pour l’heure, l’origine de ce score très chaud au vu du contexte de variabilité générale assez classique n’appelle aucune réponse facile.

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Anomalie de température (échelle verticale) en fonction du mois de l’année (échelle horizontale) pour toutes les années entre 1850 et 2020 (couleurs). Notez la position très élevée de 2020. Crédits : https://berkeleyearth.org/.

On peut supposer que la réduction des particules de pollution (aérosols) suite au confinement a pu jouer un rôle. Celles-ci réfléchissent en effet le rayonnement solaire et ont donc un impact refroidissant. Toutefois, le schéma des anomalies de température ne présente pas de cohérence particulière avec cette hypothèse. De plus, l’effet évoqué est probablement limité sur la moyenne planétaire. Enfin, l’énorme anomalie chaude observée en Eurasie participe à élever sensiblement le score global ce qui suggère un rôle des régimes de vents via une redistribution de la chaleur.

On le voit, la question reste ouverte et les hypothèses à préciser ou à vérifier. Ce qui est certain, c’est que le réchauffement du climat est plus que jamais présent et que l’objectif des 2 °C – et pire encore, des 1,5 °C – tremble. Réalistement, il faudra se résoudre à voir ces seuils symboliques dépassés et travailler sur la manière de limiter le plus possible la marge avec laquelle ils le seront.

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