La technologie CRISPR s’invite dans la lutte contre la Covid-19

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Gros plan sur les protéines de pointe du Sars-CoV-2. Crédits : visual-science

Des chercheurs australiens se sont appuyés sur une enzyme capable de se lier à l’ARN du Sars-CoV-2 pour dégrader la partie du génome dont il a besoin pour se répliquer à l’intérieur de nos cellules. Ces travaux prometteurs utilisant la technologie CRISPR pourraient ouvrir la voie à un nouveau traitement antiviral.

En juin 2021, le Sars-CoV-2 avait officiellement déjà infecté plus de 170 millions de personnes dans le monde et entraîné plus de 3,8 millions de décès. Alors qu’un certain nombre de vaccins hautement efficaces sont désormais disponibles dans un grand nombre de pays, des progrès dans des traitements efficaces, notamment des anticorps monoclonaux modifiés et des agents antiviraux à petites molécules, ont quant à eux eu un succès limité.

Entre-temps, la capacité du virus à évoluer en réponse aux pressions de l’hôte, de l’environnement et thérapeutiques a été démontrée avec l’émergence mondiale de nouveaux variants plus transmissibles et pathogènes. Aussi, nous avons besoin d’approches innovantes de prévention et de traitement capables de contrecarrer les évolutions dynamiques en cours dans le génome du Sars-CoV-2. Et si CRISPR était la solution ?

Les « ciseaux génétiques »

La technologie d’édition du génome CRISPR est devenue la figure de proue des avancées médicales ces dernières années. Elle permet de s’appuyer sur une protéine d’origine bactérienne capable de « couper » l’ADN au niveau de séquences spécifiques, voire d’y insérer du matériel génétique. La technique peut alors être utilisée en génie génétique pour modifier facilement et rapidement le génome des cellules. La Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna ont toutes deux été récompensées par le Prix Nobel de chimie en 2020 pour leurs travaux pionniers dans ce domaine.

Comme le rappelle Le Temps, la technologie CRISPR a obtenu eu des résultats prometteurs dans des études visant à éliminer des mutations génétiques entraînant le développement de cancers chez les enfants. Des essais cliniques sont également en cours pour le traitement de maladies génétiques rares.

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Crédits : madartzgraphics/Pixabay

« L’enzyme CRISPR est activée et découpe le virus »

Dans le cadre de ces nouveaux travaux publiés dans Nature Communications, des chercheurs de l’Université de Melbourne ont utilisé une enzyme (CRISPR-Cas13b) qui, lors de tests en laboratoire, aurait été capable de se lier à l’ARN du Sars-Cov-2 pour dégrader la partie du génome dont il a besoin pour se répliquer. De cette manière, les chercheurs ont pu empêcher l’agent pathogène de se multiplier et d’aller infecter d’autres cellules.

« Une fois que le virus est reconnu, l’enzyme CRISPR est activée et découpe le virus« , résume ainsi à l’AFP Sharon Lewin, principale auteure de ces travaux. « Nous avons ciblé plusieurs parties du virus, des parties très stables et qui ne changent pas et des parties très changeantes, et toutes ont très bien fonctionné pour hacher le virus« .

Dans leur étude, les chercheurs soulignent que la technique a également réussi à stopper la réplication virale dans des échantillons de « variants préoccupants », tels que le variant Alpha.

D’après Sharon Lewin, ces travaux pourraient ouvrir la voir à un traitement antiviral idéalement pris par voie orale dès le diagnostic posé. « Cette approche, tester et traiter, ne serait réalisable que si nous disposions d’un antiviral bon marché, oral et non toxique« , rappelle en effet la généticienne. « C’est ce que nous espérons atteindre un jour avec cette approche de ciseaux génétiques« .

Les chercheurs prévoient d’entamer bientôt un premier essai chez l’animal avant d’envisager des essais cliniques.