Christophe Colomb ne serait pas le seul responsable de la diffusion de la syphilis en Europe !

Christophe Colomb
Crédits : Library Of Congress / Wikipedia

Christophe Colomb fut accusé d’avoir rapporté du Nouveau Monde une bactérie ayant causé une flambée de cas de syphilis sur le continent européen. Une étude récente remet en question ce scénario et dédouane partiellement le célèbre l’explorateur.

Qu’est-ce que la syphilis ?

La syphilis (ou grande vérole) est une maladie causée par la bactérie Treponema pallidum. Il s’agit d’une infection sexuellement transmissible contagieuse, dont les premiers traitements sont apparus au début des années 1940 avec l’avènement des antibiotiques. Selon Santé publique France, il y a eu 1 762 diagnostics de syphilis dans notre pays en 2018. Toutefois, il s’agit d’un enjeu sanitaire mondial avec environ dix millions d’infections au cours des dernières décennies. En 2019, nous évoquions d’ailleurs un retour en force de cette maladie en Europe.

Son origine n’est pas claire, mais l’hypothèse la plus connue concerne l’explorateur Christophe Colomb. Après son exploration du Nouveau Monde, l’homme et ses marins auraient diffusé la maladie en Europe. En 2008, une étude danoise a cependant suggéré que la syphilis était déjà présente en Europe avant le retour de l’explorateur. Toutefois, ce dernier aurait ramené une forme mutante virulente du Nouveau Monde.

Treponema Pallidum bactérie
Bactérie appartenant à l’espèce Treponema pallidum – Crédits : CDC / Wikipedia

Christophe Colomb à moitié coupable

Une étude parue dans la revue Current Biology le 13 août 2020 innocente aussi en partie Christophe Colomb. Ces recherches pilotées par l’Université de Zurich (Suisse) suggèrent également que la syphilis était déjà présente en Europe avant les voyages de Colomb. Les scientifiques ont analysé des restes humains mis au jour en Estonie, en Finlande ainsi qu’aux Pays-Bas. Or, ces restes contenaient des traces d’infection par des bactéries du genre Treponema.

La datation des restes provenant d’Estonie a particulièrement retenu l’attention des chercheurs. Selon eux, la bactérie Treponema pallidum pallidum a été source d’infections entre le début et le milieu du 15e siècle. Or, cette période se situe plusieurs décennies avant les premières expéditions de Christophe Colomb, et donc bien avant les premiers contacts avec l’Amérique. Toutefois, les chercheurs n’excluent pas que des recombinaisons aient eu lieu avec les souches endémiques importées du Nouveau Monde, précipitant une diffusion de la maladie en Europe. Toutefois, la première poussée de syphilis ne peut pas être attribuée uniquement aux colons emmenés par Christophe Colomb.

Autres découvertes

Il faut savoir que les tréponématoses concernent également des maladies liées à des sous-espèces de la bactérie Treponema pallidum. Citons notamment la Treponema pallidum pertenue, causant le « pian » ou encore la Treponema pallidum endemicum à l’origine du « bejel ». Or, parmi les restes humains, un des individus était atteint par le pian, une maladie aujourd’hui seulement présente dans les régions tropicales et sub-tropicales. Pour les scientifiques, le pian a lui aussi fait l’objet d’une propagation dans toute l’Europe il y a plusieurs siècles.

Enfin, les directeurs de l’étude ont identifié une souche inconnue jusqu’à aujourd’hui sur les restes provenant des Pays-Bas. Or, il s’agirait d’une maladie présente sur le continent en parallèle de la syphilis et du pian. Toutefois, cette dernière n’existe plus du tout aujourd’hui. Ceci signifie donc que plusieurs sous-espèces de bactéries Treponema ont cohabité en Europe durant plusieurs siècles.