Un article récent du New-York Times nous permet de mieux appréhender les différentes faiblesses du Titan, ce désormais tristement célèbre submersible à l’origine de la mort de cinq personnes en juin dernier.
Un véhicule aux nombreuses faiblesses
Cinq hommes étaient à bord du Titan : le PDG d’OceanGate, Stockton Rush, le milliardaire britannique Hamish Harding, l’explorateur français Paul-Henri Nargeolet, l’entrepreneur pakistanais Shahzada Dawood et son fils Suleman. Après enquête, il est ressorti que le submersible de l’entreprise OceanGate avait implosé moins de deux heures après le début de sa plongée le 18 juin dernier.
Depuis, l’intégrité de la coque du submersible est remise en question. Et pour cause, jusqu’à cette catastrophe du 18 juin, personne n’était jamais mort en pilotant un tel véhicule en près d’un siècle et plusieurs milliers de plongées. Si l’enquête fédérale n’a pas encore déterminé les raisons précises de cette implosion, certains ingénieurs interrogés par le New York Times ont récemment pointé du doigt plusieurs points faibles dans la conception du véhicule.
La forme de la coque
En premier lieu, contrairement à la plupart des autres submersibles, la coque de Titan avait une forme cylindrique et non une forme sphérique. Cette approche permettait d’accueillir plus de passagers (cinq contre trois habituellement).
Cependant, les pressions écrasantes de l’océan profond exercent une force égale de tous les côtés. À près de 4 000 mètres, chaque centimètre carré d’un submersible subit alors une force de trois tonnes. Une coque sphérique permet alors de répartir uniformément les contraintes, ce qui en fait la meilleure option pour résister aux forces de compression d’un tel environnement. Toute autre forme aura tendance à se déformer de manière inégale.

Fibre de carbone versus titane
Ensuite, le cylindre central de la coque du Titan était composé de fibres de carbone, et non de titane qui est utilisé dans d’autres submersibles. Nous savons que la fibre de carbone est moins chère et plus légère. Son utilisation aura en effet permis de baisser le prix des billets (environ 250 000 dollars) et de réduire le poids du Titan à environ 9,5 tonnes. À titre de comparaison, Alvin, un autre submersible déjà éprouvé, pèse plus de 20 tonnes. Cependant, cette matière n’est pas réellement conçue pour résister à des compressions extrêmes, contrairement au titane, qui est résistant à la fois à la compression et à la tension.

Joindre des matériaux dissemblables
Les ingénieurs interrogés ont également exprimé des préoccupations concernant les zones où des matériaux différents ont été joints. Étant donné que différents matériaux changent de forme à des vitesses différentes lorsqu’ils sont sous pression, il peut alors être difficile d’obtenir et de maintenir une étanchéité dans toutes les zones de jonction.
Ici, la coque du Titan était reliée à des anneaux en titane à chaque extrémité. Or, sous les pressions écrasantes des grands fonds, la fibre de carbone se comprimerait plus rapidement que le titane, ce qui exercerait une contrainte sur le joint de colle.


Tiré par un navire pendant trois jours
Le mode de transport du Titan interroge également, mais dans une moindre mesure. Afin de réduire davantage les coûts pour la saison 2023, la société avait loué un vaisseau-mère plus petit, plus ancien et moins cher que ceux des expéditions précédentes. Ce véhicule, le Polar Prince, était cependant trop petit pour transporter le submersible jusqu’à son pont. Le navire a ainsi remorqué l’embarcation lors d’un voyage de trois jours entre St. John’s, Terre-Neuve et le site du Titanic. Habituellement, ces sous-marins sont soulevés par des treuils.
Cependant, on ignore encore si ce type de transport aurait pu ou non altérer l’intégrité physique de la structure.

Pour les experts interrogés par le Times, la meilleure façon de déjouer ces nombreux dangers aurait été de soumettre le Titan à des tests rigoureux dans les conditions et les contraintes prévues, ce qui n’a peut-être pas été suffisamment le cas. Nous savons aussi que des défauts peuvent s’accumuler au fil du temps au rythme des descentes. La fatigue de ces matériaux aurait donc également pu jouer un rôle important dans cette implosion.