En chirurgie, le point de suture semble avoir encore de beaux jours devant lui

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Avec un développement très fort des chirurgies non invasives et l’apparition sur le marché de structures nanopolymères en gels ou en colles, le fil et l’aiguille du point de suture semblent voués à disparaître. Mais selon les professionnels du secteur, rien n’est moins sûr.

Les progrès en matière de médecine touchent tous les outils fondamentaux du chirurgien, y compris le fil destiné à réaliser le point de suture. Jusque-là, les matières d’origine naturelles dominaient, mais la tendance change. Par exemple, la suture en catgut fabriquée à partir de boyaux d’animaux a longtemps été courante, mais la crise de la vache folle en Europe a précipité son bannissement. Les fils en textiles comme la soie ne se limitent désormais plus qu’à certaines utilisations précises comme l’ophtalmologie ou le dentaire.

Ce sont désormais les matières synthétiques qui règnent sur le marché mondial. « Ils sont beaucoup plus faciles à produire et moins traumatisants pour les patients, dans le sens où il y a moins de risque d’allergies grâce à leur meilleure biocompatibilité », explique Cloé Péchon, responsable des produits sutures chez B. Braun France (troisième acteur mondial des sutures chirurgicales), relayée par sciences & avenir.

On distingue deux types de telles sutures, les résorbables et les non résorbables. Mais qu’elle appartienne à l’une ou l’autre de ces catégories, « la suture reste un corps étranger », ajoute Cloé Péchon. C’est pour cela que les pôles développement de ce secteur visent aujourd’hui de nouvelles structures, souvent des colles ou des gels. « Pour suturer deux vaisseaux sanguins afin de les rendre étanches, il faut faire de tout petits points de suture. Une colle pourrait avoir un intérêt important, en badigeonnant la surface », explique Michel Therin, directeur général du pôle mondial de chirurgie générale chez Medtronic, deuxième mondial des structures chirurgicales.

Si de telles structures existent déjà, « elles ne sont pas toujours très simples à utiliser. Le fil et l’aiguille, ça paraît très basique, mais c’est redoutable d’efficacité », ajoute Michel Therin. Selon lui, les nouvelles structures que l’on pensait destinées à remplacer le point de suture vont plutôt venir compléter le travail de la suture.