La Chine autorisera bientôt les couples à avoir jusqu’à trois enfants. L’objectif est de faire face à la baisse du taux de natalité et au vieillissement plus rapide que prévu de la population du pays.
La République populaire de Chine avait introduit une « politique de l’enfant unique » dès la fin des années 70 dans le but de contrôler sa population, alors en plein essor. La politique était complexe et variait selon les régions et les groupes sociaux, mais elle encourageait globalement les couples à n’avoir qu’un seul enfant.
Ces décisions ont eu des conséquences démographiques. La politique de l’enfant unique a en effet engendré un fort déséquilibre hommes-femmes à la naissance. On comptait en effet environ 120 garçons pour 100 filles en 2005. Ce déséquilibre entre les sexes a d’ailleurs également favorisé la mise en place d’une « traite des femmes » pour alimenter les réseaux de prostitution. La plupart de ces femmes étaient originaires d’autres pays d’Asie du Sud-Est.
Enfin, le taux de natalité restait également en dessous du seuil de renouvellement de la population, ce qui a entraîné un vieillissement de la population chinoise.
Dès 2013, le pays a ensuite assoupli progressivement les règles. Si à partir des années 80 seuls certains Chinois étaient autorisés à avoir un second enfant (ceux qui vivaient en campagne, ceux dont le premier enfant était une fille, ou lorsque les deux parents étaient enfants uniques), les couples qui ne comptaient qu’un seul parent enfant unique pourraient désormais avoir deux enfants.
Ça n’a visiblement pas suffi à régler les problèmes démographiques du pays.
Mêmes problèmes démographiques
Les résultats du dernier recensement décennal publiés il y a quelques semaines ont en effet révélé un vieillissement plus rapide que prévu de la population chinoise. L’année dernière, le pays comptait plus de 264 millions de personnes âgées de 60 ans et plus (18,7 % du total). À titre de comparaison, cela représente environ quatre fois la population totale de la France. La même année, le taux de natalité était également au plus bas depuis la fondation de la Chine communiste, en 1949.
Bien que la population chinoise ait augmenté de 72,06 millions de personnes au cours de la dernière décennie, pour désormais s’élever à 1,41 milliard d’habitants, la tendance démographique du pays est désormais comparable à celle des pays avec une population vieillissante bien établie, comme le Japon et l’Italie.
À ce rythme, la Chine pourrait même se voir déposséder de son titre de première population mondiale par l’Inde (1,38 milliard d’habitants en 2020) plus rapidement que prévu.
Trois enfants par couple
Sur ces constats, les autorités chinoises ont donc décidé, ce lundi 31 mai, de supprimer la limite de deux enfants par couple dans l’espoir de faire repartir la natalité du pays. Pékin maintient tout de même une limite : pas plus de trois enfants par couple.
«En réponse au vieillissement de la population (…), un couple est autorisé à avoir trois enfants», a annoncé lundi l’agence de presse officielle Chine nouvelle. Cette politique doit s’accompagner de «mesures de soutien» aux familles, a-t-elle ajouté, évoquant des congés maternité, des soins pédiatriques et une baisse des coûts de l’éducation.
Ce nouveau changement de politique est globalement bien accueilli par la population, mais certains experts suggèrent qu’elle ne parviendra pas à s’attaquer aux véritables causes de la diminution de la population. «Si l’assouplissement de la politique des naissances était efficace, la politique actuelle des deux enfants aurait dû se révéler efficace également», relève notamment Hao Zhou, économiste principal à la Commerzbank Asia, interrogée par Reuters.
De nombreuses autres raisons pourraient en effet expliquer ces tendances : recul du nombre des mariages, hausse du coût des logements et de l’éducation, grossesses tardives au bénéfice des carrières, sans compter l’appauvrissement du sperme en général.
Toujours est-il que la Chine multiplie les mesures. Il y a quelques semaines, les autorités ont en effet proposé de raccourcir la durée des études. L’idée, concrètement, serait de permettre aux jeunes Chinoises d’accéder plus rapidement au marché du travail, et de fait, d’acquérir plus vite une aisance financière leur permettant d’envisager sereinement d’avoir des enfants.