Dans les années à venir, la Chine a pour objectif de devenir l’un des leaders mondiaux de l’exploration lunaire en établissant la première base permanente sur la Lune. Prévue pour 2035, cette ambition fait partie d’un projet bien plus vaste : envoyer des humains sur la Lune dès 2030 et y construire une station durable. Cependant, un tel projet n’est pas sans défis. La question cruciale qui se pose est toutefois comment construire une base qui résistera aux conditions extrêmes de l’espace et de la Lune ?
L’énorme défi de la construction lunaire
Construire une station lunaire représente une tâche titanesque. La Lune, avec son absence d’atmosphère et son environnement hostile, présente en effet des obstacles techniques majeurs. Les températures sur sa surface varient de manière extrême : de -190 °C à 180 °C, bien au-delà de ce que n’importe quelle structure terrestre pourrait supporter sans protection spéciale. En plus de ces fluctuations thermiques, la Lune est exposée à un rayonnement cosmique intense et à des micrométéorites.
Cependant, le plus grand défi reste sans doute le coût astronomique lié au transport de matériaux depuis la Terre. Les scientifiques estiment en effet que leur acheminement coûterait des milliards de dollars et serait impraticable sur le long terme.
Pour résoudre ces problèmes, la Chine a décidé de chercher à construire sa base directement à partir des ressources présentes sur la Lune elle-même. L’idée serait de fabriquer des briques à partir du sol lunaire, ce qui réduirait ainsi le besoin de transporter des matériaux depuis la Terre et diminuerait considérablement les coûts. Ce principe d’utilisation des ressources locales, également appelé in-situ resource utilization (ISRU), est un concept clé pour le futur de l’exploration spatiale, non seulement pour la Lune, mais aussi pour Mars.
Des tests en préparation
Les scientifiques chinois, notamment ceux de l’Université des sciences et technologies Huazhong de Wuhan, ont développé des prototypes de briques fabriquées à partir de matériaux trouvés sur Terre, mais qui imitent les propriétés du sol lunaire. Ces briques sont composées de basalte, un matériau semblable à celui que l’on trouve en abondance sur la Lune. Grâce à ces prototypes, les chercheurs espèrent déterminer si le sol lunaire peut être utilisé de manière efficace pour construire une station durable.
L’expérience consistera à envoyer des échantillons de ces briques à bord d’une fusée cargo vers la station spatiale chinoise Tiangong. Là, elles seront exposées aux conditions extrêmes de l’espace pendant trois ans. L’objectif sera de tester la durabilité de ces matériaux, leur résistance au rayonnement cosmique, aux températures extrêmes et à d’autres facteurs de dégradation liés à l’environnement spatial.
Chaque année, un échantillon sera renvoyé sur Terre pour être testé et comparé. En étudiant comment ces briques réagissent au fil du temps, les scientifiques pourront alors déterminer si elles sont suffisamment robustes pour être utilisées dans la construction d’une base lunaire.
Une compétition internationale pour la Lune
Bien que la Chine soit à la pointe de cette innovation, elle n’est pas seule dans cette course à l’établissement d’une base lunaire. D’autres nations, comme les États-Unis, ont aussi des ambitions similaires. La NASA prévoit de renvoyer des humains sur la Lune dans le cadre du programme Artemis dès 2026, avec l’objectif de construire une station lunaire par la suite. À cette fin, des chercheurs de l’Université de Floride centrale testent actuellement des briques fabriquées avec des imprimantes 3D, tandis que l’Agence spatiale européenne explore des méthodes d’assemblage de briques inspirées des Lego.
La Chine fait cependant un pari audacieux en se concentrant sur la fabrication de briques directement à partir du sol lunaire et en s’associant avec la Russie et plusieurs autres pays pour créer une Station internationale de recherche lunaire (ILRS). Cette station pourrait devenir un centre international pour la recherche spatiale et la construction lunaire.