La Chine progresse significativement dans son ambitieuse mission de retour d’échantillons sur Mars, baptisée Tianwen-3. Son lancement est prévu aux alentours de 2030, selon les informations fournies par Sun Zezhou, ingénieur principal à l’Académie chinoise de technologie spatiale (CAST). Le pays pourrait-il voler la vedette aux États-Unis qui envisagent une mission similaire ?
Deux architectures différentes
La mission chinoise Tianwen-3 se distingue de manière notable du projet américain Mars Sample Return (MSR) par une approche moins complexe dans sa conception et son exécution.
Dans le détail, l’initiative américaine, à laquelle participera l’Europe, implique le déploiement d’un atterrisseur appelé le Sample Retriever Lander dans le cratère Jezero, actuel lieu d’exploration du rover Perseverance. Une fois sur place, le rover collectera minutieusement des échantillons de poussière martienne et les stockera dans une quarantaine de tubes en titane avant de transférer cette précieuse cargaison à l’atterrisseur.
Les tubes seront ensuite soigneusement disposés à l’intérieur d’une fusée connue sous le nom de Mars Ascent Vehicle qui sera embarquée dans l’atterrisseur. Après le lancement depuis la surface de Mars, elle entamera son ascension et larguera une capsule en orbite.
Une fois en orbite martienne, un orbiteur qui aura rejoint Mars entre temps récupérera la capsule contenant les échantillons. Il les rapportera ensuite jusqu’à l’orbite terrestre, où la capsule entamera son retour.
Le plan chinois prévoit de son côté deux lancements distincts de fusées Longue Marche 5. L’une d’elles transportera un atterrisseur et un véhicule d’ascension, tandis que l’autre lancera un orbiteur et un module de retour. Les phases d’entrée, de descente et d’atterrissage reposeront sur la technologie qui a permis l’atterrissage réussi du rover Tianwen-1.
Une fois sur la surface de Mars, l’atterrisseur utilisera un bras robotique pour prélever des échantillons de la surface et une foreuse pour collecter des matériaux jusqu’à deux mètres sous la surface. La mission envisage également l’implication d’un robot rampant à six pattes ou d’un hélicoptère de type Ingenuity, offrant ainsi une capacité accrue pour la collecte d’un éventail plus diversifié d’échantillons.
La Chine cible trois sites potentiels
Par ailleurs, tandis que le projet américain prévoit un lancement en 2031, pour un retour de capsule d’ici 2033, la Chine semble progresser vers un lancement en 2030, ce qui impliquerait un retour d’échantillons en 2032.
L’équipe de Sun Zezhou, ingénieur principal à l’Académie chinoise de technologie spatiale (CAST), aurait également présélectionné trois zones d’atterrissage potentielles : Amazonis Planitia, Utopia Planitia (où le rover Zhurong de Tianwen-1 a atterri) et Chryse Planitia.
Un article de recherche publié dans la revue JGR Planets met en avant la préférence pour Chryse Planitia du fait de ses caractéristiques géographiques et de son intérêt astrobiologique potentiel en raison de l’existence de preuves d’écoulements d’eau passés.
Il reste à savoir qui de la Chine ou de la NASA rapportera les premiers échantillons martiens collectés sur Terre. Dans tous les cas, les résultats scientifiques attendus d’une mission réussie seraient extrêmement précieux. Les échantillons de Mars pourraient en effet fournir des informations uniques sur les processus géologiques de la planète rouge, son histoire et améliorer notre compréhension de la planétologie comparée. Plus crucial encore, ces échantillons pourraient potentiellement contenir des biosignatures ou des traces chimiques de vie passée ou actuelle, ouvrant une fenêtre fascinante sur les mystères de la vie extraterrestre.
