Chine : deux réacteurs nucléaires secrets inquiètent les scientifiques

CFR-600
Crédits : world-nuclear-news.org

En pleine transition énergétique, la Chine jette son dévolu sur le nucléaire. Parmi les nombreux projets de réacteurs, deux sont particulièrement source d’inquiétude pour certains scientifiques. Ces « surgénérateurs » génèrent en effet du plutonium, le même composant que l’on place dans les têtes nucléaires !

Des réacteurs civils au plutonium

La Chine a entamé une transition énergétique et s’intéresse grandement au nucléaire. Pas moins de 19 réacteurs sont ainsi en construction et 115 autres sont en projet ou en cours d’étude dans ce pays. La Chine a d’ailleurs annoncé la construction d’une usine pilote qui devrait à terme permettre à sécuriser ses approvisionnements en uranium en extrayant de l’eau de mer. Ce pays multiplie donc les moyens de faire du nucléaire son fer de lance de la transition énergétique.

Dans un article du 25 mai 2021, Popular Mechanics évoquait la construction de deux réacteurs nucléaires sur l’île de Changbiao, dans la province du Fujian (sud-est). Ces réacteurs baptisés China Fast Reactor 600 (CFR-600) devraient être opérationnels en 2023 et 2026. Or, leur installation est une source d’inquiétude pour de nombreux observateurs.

China Fast Reactor 600
Crédits : world-nuclear-news.org

Ce type de « surgénérateurs » ou plutôt Réacteur rapide refroidis au sodium (RNR-Na) consommerait plus d’uranium que les autres solutions existantes. D’une capacité de 600 MWe (mégawatt électrique), ces réacteurs sont nourris au MOX, un mélange d’oxydes issu du traitement du combustible usé des centrales nucléaires constitué de 92 % d’uranium et 8 % de plutonium. Le problème est que ces CFR-600 rejetteraient d’importantes quantités de plutonium. Or, ce composant est davantage connu pour intégrer la fabrication d’armes nucléaires.

Un objectif militaire caché ?

Salon un rapport du Nonproliferation Policy Education Center (NPEC) publié en 2021, ces deux réacteurs pourraient permettre à la Chine de disposer de près de 1 300 têtes nucléaires d’ici à 2030. Le NPEC estime que le programme nucléaire civil chinois est en partie bien plus opaque que celui des États-Unis, des pays européens, du Japon ou encore de la Corée du Sud. De plus, Pékin n’a fait aucun rapport à l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (IAEA) depuis 2017.

Les auteurs du rapport s’inquiètent donc des capacités de ces réacteurs soi-disant civils. En considérant la potentielle contribution à la constitution d’un important stock de plutonium, les suspicions relatives à un objectif militaire prennent tout leur sens. Enfin, les analystes ont rappelé que les services de renseignement des États-Unis accusent la Chine de s’être engagée dans une course à l’armement atomique. Son objectif serait en effet de doubler son arsenal nucléaire dans un avenir proche.