La Chine est en train de poser les bases d’une avancée majeure dans l’exploration spatiale en proposant une infrastructure spatiale cislunaire ambitieuse. En visant à soutenir l’exploration lunaire, à renforcer l’industrie spatiale nationale et à promouvoir la coopération internationale, cette initiative pourrait changer la dynamique de la présence humaine dans l’espace.
Comprendre l’espace cislunaire et son importance stratégique
L’espace cislunaire désigne la région de l’espace située entre la Terre et la Lune qui englobe une variété d’orbites et de points gravitationnels importants. Cette zone représente un territoire stratégique en raison de sa proximité avec la Terre et de son potentiel pour faciliter l’exploration spatiale plus profonde.
Pour la Chine, l’intérêt pour l’espace cislunaire repose sur plusieurs facteurs. Premièrement, il offre une opportunité unique d’étendre ses capacités spatiales tout en renforçant sa souveraineté technologique. En établissant une présence dans cette zone, ce pays peut en effet développer des technologies avancées de communication, de navigation et de surveillance qui seront essentielles pour ses futures missions lunaires et interplanétaires.
Deuxièmement, l’espace cislunaire pourrait servir de base logistique pour l’exploration du Système solaire. En exploitant les ressources lunaires, telles que l’eau glacée, les Chinois espèrent notamment produire du carburant sur place, ce qui réduirait ainsi la dépendance aux ressources terrestres pour les voyages spatiaux. Cela faciliterait non seulement les missions lunaires, mais ouvrirait également la voie à des missions vers Mars et au-delà. Pour rappel, la Chine prévoit d’envoyer ses premiers astronautes sur la Lune avant 2030 et de débuter la construction de l’ILRS au début de la prochaine décennie.
Enfin, en établissant une infrastructure dans l’espace cislunaire, ce pays vise à prendre l’avantage dans la gouvernance de l’espace en influençant les normes internationales et les protocoles d’exploitation des ressources lunaires. Cette position stratégique pourrait lui offrir un levier important dans les négociations futures sur l’utilisation des ressources spatiales.
Une infrastructure ambitieuse
L’infrastructure cislunaire proposée par les scientifiques chinois est un système complet destiné à fournir des services de communication de données, de positionnement, de navigation et de chronométrage (PNT). Elle inclura également des services de surveillance de la situation spatiale pour les utilisateurs sur Terre, à proximité de la Terre, cislunaires, à la surface de la Lune et dans l’espace lointain.
Cette infrastructure cislunaire sera conçue pour soutenir les grands projets d’exploration lunaire de la Chine, y compris les missions habitées vers la Lune et la construction de la Station Internationale de recherche lunaire (ILRS). Pour rappel, la Chine prévoit de débuter la construction de l’ILRS au début de la prochaine décennie.

Un projet en plusieurs phases
Le plan est divisé en plusieurs phases. La première phase prévoit le déploiement de satellites sur des orbites elliptiques gelées autour de la Lune. La phase suivante impliquera l’ajout de satellites sur des orbites autour des points de Lagrange Terre-Lune 1, 2, 4 et 5 (points stables gravitationnellement), ainsi que sur une orbite de halo quasi rectiligne (NRHO) et une station spatiale cislunaire en orbite géostationnaire. Enfin, la phase finale introduira des satellites sur des orbites rétrogrades lointaines (DRO) afin de former une constellation spatiale proche de la Lune.
Cette initiative nécessitera le développement de technologies avancées de communication et de navigation, notamment des antennes à gain élevé et des amplificateurs haute fréquence. Les défis incluront également la mise en place d’un système de référence spatio-temporel unifié et des méthodes de fonctionnement collaboratives entre différents segments spatiaux.
Notez enfin que la Chine n’est pas la seule à investir dans l’infrastructure cislunaire. Les États-Unis travaillent par exemple également sur des systèmes de communication à haut débit et des capteurs pour surveiller l’espace cislunaire. L’Agence spatiale européenne (ESA) développe également son initiative Moonlight qui vise à établir une constellation lunaire pour soutenir les missions futures.